INTERVIEW

 

Entretien avec Fishbone
Le 08/03/2005 à l’Ubu, Rennes
Par The Undertaker

 

Toujours en course après plus de vingt ans de carrière, l’extra-terrestre Fishbone continu de répandre son « jazzcore » à travers les continents. Il ne reste pourtant aujourd’hui que deux rescapés du line-up de 1985 en la personne de Norwood Fisher (basse, chant) et celle de Angelo Moore (saxophone). Les San Franciscains sont toujours attachés à l’esprit punk, bien que leur musique se soit toujours écartée de tout mouvement clairement défini, une ambiguïté qui n’en est pas une comme nous l’explique le survivant…

 

ARTeFACT : Fishbone est cité comme groupe référence par delà des horizons très variés, non seulement le ska mais aussi le jazz, le punk, le hardcore ou encore le thrash… Comment expliques-tu le fait que vous ayez pu influencer autant de styles ?
Norwood Fisher :
(rires) Nous avons l’occasion de jouer dans des endroits très différents et c’est vrai que nous n’avons aucun mal à nous fondre dans ces milieux là et même le hip hop ou le r ’n’ b… Beaucoup de gens viennent me voir en me disant qu’ils écoutent Fishbone depuis des années et que nous avons beaucoup compté pour eux, mais tout cela est totalement involontaire. Nous ne sommes guidés que par notre liberté musicale et ce sont les médias et la promo qui nous collent des étiquettes dont nous ne voulons pas ! Au début, nous étions signés sur des maisons de disques plutôt axées punk et communication faisant nous avons été associés à ce milieu. Aujourd’hui nous sommes sur le label français « Terre à terre » qui garantit une meilleure intégrité de notre image, mais au delà de ça l’important est que nous puissions venir au contact du public.

A : Vous vous produisez d’ailleurs ce soir dans un de vos bastions… 
N. F. :
Oui, Rennes est une des villes dans lesquelles nous adorons jouer. Le public y est extrêmement dynamique et c’est un endroit où l’on ne s’ennuie pas ! Le concert de ce soir est important pour nous car il va nous permettre de nous présenter sous un bon jour. La tournée précédente en 2003 n’était pas comme nous l’aurions souhaité, nous pressentions l’implosion du groupe et le cœur n’y était pas. Aujourd’hui les nouveaux membres sont frais et motivés, et le plaisir est de retour.

A : Est-ce parfois difficile de trouver l’envie de continuer ?
N. F. :
C’est certain que les choses ne sont plus comme au début où nous étions tout jeunes, nous faisions la fête et c’était le rêve de pouvoir s’en aller en tournée. Les premières fois sont toujours les meilleures et je dois dire que ce n’est pas pour me rendre heureux que de penser que ces belles années sont déjà loin (long silence). Ce n’est pas que ma vie ne me plaît pas aujourd’hui, mais il est toujours plus sympa de se sentir jeune !

A : Peux-tu nous parler de vos débuts à San Francisco ?
N. F. :
C’est une ville où il était très facile de se mettre à jouer et d’avoir un public au début des années ’80. Le contexte social faisait que les jeunes avaient besoin de se défouler et n’importe quel bon groupe qui organisait un concert était sûr d’attirer quatre cents ou cinq cents personnes. C’était le cas de Metallica et Exodus dans le thrash, ou des Dead Kennedies dans le punk. Nous nous sommes lancés un peu plus tard en 1985 et la notoriété est très vite arrivée. Certains fans avaient besoin d’entendre quelque chose de différents, avec d’autres sons que les grosses guitares, et nous avons tout de suite eu un public fidèle. San Francisco était célèbre dans tout le pays pour sa scène underground et la côte est n’a pas tardé à reprendre du poil de la bête. Il y avait de bons groupes à New York comme Anthrax ou Over Kill (cf. interview), et aussi le hardcore new school qui est apparu là-bas avec Agnostic Front (cf. interview). J’adorais déjà depuis longtemps la scène New Yorkaise des années ’70, elle m’a beaucoup influencé.

A : As-tu eu l’occasion de côtoyer Metallica ?
Norwood Fisher :
Oui, nous avons joué pour la première fois ensemble en 1984 il me semble, puis à plusieurs reprises sur des festivals en 1985. Ces souvenirs sont loin… J’ai eu l’occasion de discuter avec eux mais nous n’avons jamais fait la fête ensemble. On se voyait en coup de vent et ils avaient tout le temps un avion à prendre… C’est dommage car c’est un groupe qui a vraiment compté pour moi dans ma vision des arrangements et des riffs. Quelle claque quand j’avais acheté « Master Of Puppets » ! Il reste incontestablement un de mes albums de référence toutes catégories confondues. 

A : Comment perçois-tu aujourd’hui l’émergence de styles comme le ska qui remporte un grand succès auprès de jeunes qui ignorent totalement qui vous êtes ?
N.F. :
Tant mieux si ce qu’on a fait a pu contribuer à construire quelque chose, mais je ne m’intéresse pas énormément à ce qui se fait actuellement, je découvre des choses sympas au fil de mes voyages, comme Arsenic au Canada, mais j’ai toujours un temps de retard sur l’actualité ! Par contre, il y a des groupes complètement inconnus que j’adore : en ce moment j’écoute beaucoup Flying Pool, c’est un groupe de ska de Los Angeles mais ils n’ont pas encore sorti d’albums sur une maison de disque et la diffusion reste confidentielle.

A : Fishbone en trois mots… 
Norwood Fisher :
Errr, mmm, hum !


Site Officiel : www.fishbone.net

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