INTERVIEW


Par The Undertaker, lors de leur concert du 14/11/04 à l'Antipode de Rennes.


ARTeFACT : Commençons par parler de cette tournée qui rencontre un réel succès. Est-ce le cas à l’étranger comme cela l’est en France ? Pouvez-vous observer le succès du groupe grandir d’années en années ?
Anders Høyvik Hidle (Guitare) : Les concerts de cette tournée sont très hétérogènes, ils rassemblent de deux cents à mille personnes. Je suis très surpris de l’accueil que nous avons en France actuellement, d’autant plus que nous ne sommes pas médiatisés puisque que nous n’avons rien sorti ces derniers temps. Le concert de ce soir (ndlr : Rennes) est complet, celui d’hier à Limoges l’était également, et celui de Strasbourg a aussi fait venir beaucoup de monde. C’est vraiment très encourageant pour la suite.

ARTeFACT : Quels types de public attirez-vous ?

Anders : Je pense que notre public se compose autant de personnes du milieu death metal que du milieu gothique. La musique de Tristania est construite ainsi, ces deux styles se marient bien et cela crée une atmosphère particulière qui est accessible à beaucoup de monde. A l’inverse, Tristania peut faire découvrir le métal à des gens extérieurs au milieu, et les conduire vers le death ou le gothique. 

ARTeFACT : Le succès de groupes comme Evanescence ou Nightwish ne crée-t-il pas selon toi un engouement dont peuvent bénéficier des groupes plus underground comme Tristania ?

Anders : Absolument. Ce ne sont pas mes groupes préférés, mais il est clair que leur succès commercial aide le milieu, et ce sont finalement tous les groupes qui en bénéficient. Ces deux groupes sont médiatisés en dehors de la presse spécialisée et cela fait découvrir le métal à des personnes non-initiées. C’est de fait un nouveau public qui est en train d’arriver grâce à cela, et il serait par conséquent hypocrite de critiquer par exemple la diffusion de métal sur de grosses radios. A partir du moment où un groupe est signé, il rentre dans un processus qui vise à assurer sa survie, ce n’est pas quelque chose de malsain pour autant.

ARTeFACT : « World Of Glass » est sorti depuis maintenant trois ans, que s’est-il passé depuis ?

Anders : Nous avons beaucoup tourné, nous nous sommes produits en Europe, en Amérique du Sud, et sur des festivals. Nous sommes entre temps rentrés chez nous pour souffler, et nous avons également commencé à composer, chose que nous n’arrivons pas à faire sur la route. Nous avons pris le temps nécessaire à ce que tous les membres du groupe soient disposés à ré-attaquer dans de bonnes conditions, et aujourd’hui nous avons vraiment l’envie de défendre notre prochain album. Je pense que le public perçoit cela par le fait que nous sommes moins statiques sur scène et que nous véhiculons plus d’énergie. 

ARTeFACT : Ce dernier album a-t-il été celui de la révélation ?

Anders : Tristania possède aujourd’hui sa propre identité sonore, c’est selon moi le plus important, et cela se construit d’album en album. Je pense cependant que c’est effectivement avec « World Of Glass » que nous sommes parvenus à créer ce que nous voulions. De ce point de vue, c’est pour nous l’album le plus important.

ARTeFACT : Pourrais-tu comparer « World Of Glass » et le prochain album ?

Anders : Nous ne voulons surtout pas faire deux fois la même chose, la difficulté a donc été de conserver les bons acquis du précédent album, et de proposer quelque chose que nous n’avions jamais fait auparavant (ndlr : l’album est écrit mais pas de date officielle de sortie annoncée). Je dirais que ce nouvel album se distingue par sa sophistication. Il est à l’image de l’ambiance actuelle dans le groupe, c’est-à-dire ambitieux, plein d’idées et féroce. C’est un album direct, agressif et organique. 

ARTeFACT : Plus d’influences death se cacheraient-elles derrière cela ?

Anders : Non, c’est différent, Tristania est et restera un groupe de métal, mais nos influences sont toujours aussi variées. Elles vont du black metal à David Bowie, et cela nous a amené à faire des choses originales sur l’album. Cela dit l’inspiration vient aussi d’univers différents comme la littérature. « The Lord Of The Rings » m’a beaucoup intéressé, et ce avant qu’il ne soit retranscrit au cinéma, et j’apprécie les films comme « Trainspotting » ou « Dracula » par exemple. C’est quelque chose de vaste que quelques exemples ne résument pas. 

ARTeFACT : Vu de l’étranger la scène norvégienne est perçue comme extrême avec tous ses groupes de black metal, est-ce que cela n’a pas été difficile pour vous de vous démarquer de cette image ?

Anders : Au début, notre public était quasiment le même que celui du black metal c’est vrai, mais avec le temps il s’est diversifié comme nous le disions tout à l’heure. C’est un point intéressant, mais ce n’est pas quelque chose que nous pouvons réellement maîtriser. La scène norvégienne a tendance à se renouveler aujourd’hui et je pense qu’elle commence à ne plus être seulement perçue comme extrême.

ARTeFACT : Tristania en trois mots... 

Anders : Aujourd’hui je dirais : agressif, dynamique, organique.

Site Officiel : www.tristania.com

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