INTERVIEW


Par The Undertaker, lors de leur concert du 14/11/04 à l'Antipode de Rennes.
 

Une tournée pour le moins intéressante cheminait en Europe au cours des mois d'octobre et novembre 2004. Therion, Tristania, Trail Of Tears et Mercury Rain étaient au programme pour ce parcours du combattant qui comprenait trente-quatre dates et seulement un jour de repos ! Le moins que l'on puisse dire est que nos amis Nordiques rentabilisent bien la location du tour bus ! Cela dit c'est après le concert que l'on se dit que ceci est une réelle performance, car non content de durer 2h30 avec deux rappels, le show de Therion survole toutes les époques du groupes, avec ou sans les choristes, et se termine en apothéose sur “Black Funeral” de Mercyful Fate !


ARTeFACT : Peux-tu nous parler de la tournée actuelle et des retombés depuis la sortie de « Sirius B » et « Lemuria » ?
Christofer Johnsson (guitare et composition) : Le groupe grossit, de plus en plus de gens viennent nous voir en concert, et ce autant en Europe que dans les pays de l’est ou en Amérique du Sud. La France est une grosse surprise pour nous, on ne s’attendait vraiment pas à recevoir un tel accueil ici. Le succès de la tournée s’explique selon moi en partie par la cohérence de l’affiche. Nos groupes sont certes bien distincts mais ils attirent un public relativement semblable, par conséquent notre public hésite moins à se déplacer. Le cas de la France est un peu particulier car c’est un marché très difficile, ce n’est pas évident de vendre beaucoup d’album chez vous. Cela est en parfaite contradiction avec l’image que l’on a du public français, surtout sur cette tournée. L’ambiance dans les salles est extra-ordinaire mais ceci ne se reflète pas dans les ventes. Nous avions déjà remarqué ce phénomène en 1998 avec Moonspell qui était dans la même situation que nous. « Sirius B » et « Lemuria » se sont par contre très bien vendus en Allemagne et en Belgique, ainsi qu’en Suisse où nous avions joué avec Iced Earth et Samaël devant plusieurs milliers de personnes. Chaque région du monde est vraiment différente, cela rend notre métier encore plus passionnant.

ARTeFACT : Le choix de sortir ces deux albums en même temps était-il le bon maintenant que tu as du recul ?
Christofer : En réalité ce ne fut pas vraiment un choix, nous avions assez de matériel pour sortir trois albums, ce qui était évidement impossible vis-à-vis de la maison de disque. Nous avons donc tout enregistré et sélectionné ce qu’on préférait garder. Je précise que toutes les chansons correspondaient à un album en particulier, le travail était organisé. Nous avons donc, si l’on peut dire, un album en stock, mais il est clair que nous ne sortirons rien avant 2006 à mon avis. Il faut laisser le public respirer, et d’ici là nous aurons encore beaucoup composé donc je ne peux pas dire dans quelle direction nous irons.

ARTeFACT : D’où vient toute cette inspiration pour composer autant ?
Christofer : Je ne sais pas. Il suffit parfois de se promener dans la forêt, de s’imprégner d’une atmosphère, et les idées apparaissent... Personnellement je prends énormément de plaisir à composer, c’est quelque chose qui m’occupe beaucoup quand je suis chez moi. Et pour le groupe Kristian (ndrl : Niemann, guitariste soliste) et Johan (ndlr : son frère, bassiste) composent également beaucoup, donc nous nous retrouvons tout le temps avec énormément d’idées.

ARTeFACT : La musique de Therion est très particulière grâce à l’influence du classique et de l’opéra, elle attire très certainement des auditeurs non-initiés au métal. Comment ressentez-vous cela ?
Christofer : Je pense en effet que la moyenne d’âge de notre public est relativement élevée. Je rencontre parfois des fans qui me disent : « ma mère adore Therion ! ». Mon problème ensuite est qu’elle n’ira pas jusqu’à acheter l’album (ndlr : sur un ton très sérieux). Il y a sinon des anecdotes originales dont je me rappelle, comme pour la tournée de « Secret Of The Runes » en Amérique du Sud où il y avait au premier rang une femme d’environ soixante-dix ans qui connaissait nos morceaux par cœur ! Avec l’évolution que nous avons eu pendant ces quinze années d’existence, nous avons conservé un peu de public death metal et de public gothique, cependant le gros de l’audience demeure versée dans le métal. Le rock progressif et le classique sont des milieux complètement fermés et nous ne les touchons pas du tout, là il ne s’agit plus simplement de musique malheureusement mais d’image et parfois de préjugés.

ARTeFACT : Qu’est-ce qui pourrait aider selon toi les styles au sens large à se mélanger ?
Christofer : C’est avant tout le travail des maisons de disques, mais la tâche est très difficile. Il faudrait que le grand public perçoive le métal de façon moins négative, et qu’il se rende compte de la qualité de beaucoup de groupes. Cependant, l’image est quelque chose de difficile à contrôler, cela évoluera peut-être avec le temps.

ARTeFACT : La situation ne serait-elle en train de commencer à s’améliorer dans les pays nordiques ? Satyricon avait par exemple remporté un Award pour « Volcano » fin 2002... 
Christofer : Le métal est plus populaire chez nous c’est certain, mais la Suède comme la Norvège ou la Finlande sont faiblement peuplées, et selon moi le problème est très différent pour des pays comme l’Allemagne ou la France où c’est très compliqué de toucher beaucoup de monde. La seule chose que nous puissions faire en tant que groupe est de faire de la musique de qualité.

ARTeFACT : Therion en trois mots...
Christofer : Prétention, diversité, intéressant.

Site Officiel : www.megatherion.com

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