ARTeFACT : Nous sommes très contents de revoir Testament sur scène, est-ce le signe d’un nouvel album ?
Chuck Billy : Oui, nous travaillons dessus depuis déjà un moment et aujourd’hui nous avons tous les éléments nécessaires pour le sortir quand nous déciderons. La vingtaine de dates que nous venons de faire nous a en plus donné quelques idées et nous pensons prendre notre temps pour sortir quelque chose de vraiment abouti. Nous voulons que cet album marque notre retour et soit représentatif de ce que nous sommes aujourd’hui, il n’est pas question de faire ce qu’on nous dit ou ce qu’on attend de nous. Cela fait plus de vingt ans que le groupe existe et si nous sommes là aujourd’hui, c’est que nous avons la hargne !

A : Peux-tu nous dire quelles seront les évolutions par rapport au Testament que le public connaît ou est-ce secret défense ?
Chuck Billy : C’est secret défense ! (rires)

A : Quelle est la réaction du public en concert ?
Chuck Billy : Nous participons essentiellement à des festivals donc ce n’est pas forcément notre public que nous avons en face de nous. Beaucoup de gens découvrent donc le groupe car nous voyons qu’ils ne connaissent pas tout le temps les paroles, mais nous sommes souvent connus de réputation et nous attirons beaucoup de monde. Les salles sont pleines et nous sommes chaleureusement accueillis. Nos titres les plus célèbres comme « Practice What You Preach » sont restés dans les mémoires, et cela nous fait énormément plaisir de voir que nous n’avons pas été oubliés.

A : Ne penses-tu pas que nous assistons à un retour en force de la Bay Area ?
Chuck Billy : Si, absolument. La brèche ouverte par Exodus et Death Angel tient en gros ses promesses pour l’instant, et le public semble réclamer cela car les ventes des vieux albums reprennent doucement aussi. En tous cas, nous autres musiciens sommes plus que motivés, nous ne demandons qu’à tourner et retrouver notre public ! Ce n’était pas calculé, il s’est trouvé que plusieurs groupes se sont reformés en peu temps finalement et nous nous retrouvons sur la route au même moment. C’est assez amusant comme le destin fait les choses !

A : Les groupes allemands ne sont pas en reste…
Chuck Billy : Exact, Destruction et Kreator par exemple marchent très fort, surtout dans leur pays, et nous avons plus ou moins le même public. Nous jouons demain en Allemagne, nous verrions bien comment nous serons accueillis mais nous partons très optimistes.

A : Existe-t-il une petite rivalité entre la scène thrash allemande et celle de San Francisco ?
Chuck Billy : Non absolument pas, nous avons évolué complètement indépendamment et pour ma part j’apprécie énormément la scène allemande. En réalité, nous ne sommes pas beaucoup en contact à cause de la distance qui nous sépare, il y a de la place pour tout le monde.

A : Peux-tu nous résumer comment la Bay Area Thrashers est née ?
Chuck Billy : C’est surtout le fait de Metallica et d’Exodus qui ont créé une petite communauté autour d’eux en organisant des soirées bien arrosées ! Ils avaient une sacrée réputation… Le reste est venu après quand les gens ont commencé à réaliser que ce style de musique était vraiment novateur, à l’époque nous n’avions jamais entendu quelque chose d’aussi rapide, il y a eu un véritable engouement et les groupes ont commencé à se former plus sérieusement.

A : Les relations entre Legacy (ndlr : premier nom de Testament) et Exodus étaient-elles meilleures qu’entre Metallica et Megadeth ?
Chuck Billy : (rires) Nous étions et nous sommes toujours très amis, je connaissais bien Steve Souza (ndlr : premier chanteur de Legacy et actuel chanteur d’Exodus) à l’époque de Legacy et c’est lui qui m’a proposé de prendre sa place quand il est parti dans Exodus. Nous avons donc gardé de très bonnes relations, je lui doit beaucoup. 

A : Est-ce que le succès de Metallica et Slayer à travers le monde à changé quelque chose pour vous ?
Chuck Billy : Non pas tant que ça, cela nous a donné une meilleure diffusion à la radio car leur public s’intéresse à leurs racines, mais à part convertir quelques fans de Bon Jovi cela ne nous a rien apporté. De toutes façons, nous n’attendons rien des autres, nous sommes contents pour eux qu’ils aient réussi dans leur voie mais ça ne change rien à notre façon de voir les choses.

A : Ils auraient tout de même pu faire en sorte de tourner avec des groupes comme Testament plutôt que Limp Biskit ou ce genre de choses, de quel œil vois-tu cela ?
Chuck Billy : Oui c’est sûr… Nous aurions évidemment beaucoup aimé tourner avec eux mais à ce stade ce ne sont plus les attirances musicales qui dictent les choix. 

A : N’est-ce pas un peu difficile de rester ami dans ces conditions ?
Chuck Billy : (grosse moue)

A : A-t-on une chance de voir un jour une tournée regroupant les anciens de la Bay Area ?
Chuck Billy : Non je ne pense pas. Cela ne dépend pas de nous hélas…

A : Revenons à Testament proprement dit, tu as eu des problèmes de santé récemment…
Chuck Billy : Oui, cela appartient maintenant au passé, j’ai totalement surmonté cela ce qui me permet enfin de me consacrer entièrement à la musique. C’est un gros soulagement et nous pouvons avoir des projets à plus long terme. Le public comprend très bien la situation dans laquelle nous étions, jouer en concert et voir le public m’aide à tourner cette page.

A : As-tu retrouvé le même plaisir qu’avant ?
Chuck Billy : Complètement, c’est un réel plaisir de pouvoir composer tranquillement comme avant et de faire des concerts. Nous profitons au maximum sans nous torturer l’esprit en essayant de faire abstraction des mauvais côtés.

A : Testament en trois…
Chuck Billy : Complexité, confiance, maîtrise.

Site Officiel : www.testamentlegions.com