INTERVIEW
PORCUPINE TREE
(09/98)
Issu de la toujours très active scène anglaise, Porcupine Tree, qui n'était au départ que le projet solo du charismatique Steven Wison, a réussi à s'imposer en l'espace de quelques albums très réussis comme l'incarnation du nouvel esprit progressif. Depuis leurs débuts en 91, la réputation du groupe n'a jamais cessé de croître, et l'année qui vient pourrait bien voir le sacre de cette talentueuse formation. Zorglub est ainsi parti interroger l'une de ses idoles pour Artefact…

 

Zorglub: La France a eu le plaisir de vous accueillir l'an dernier pour deux concerts en avril-mai. Comment cela s'est-il passé ?
Steven Wilson: Nous avons bien aimé les deux concerts (Paris, Bordeaux), mais particulièrement celui de Paris où le public était très réceptif. Nous avons d'ailleurs remarqué que le public était essentiellement issu de la mouvance progressive alors que nous aimerions toucher en France tous les amateurs de bon rock comme c'est le cas dans les autres pays d'Europe. Sûrement la couverture médiatique n'a-t-elle pas été bien assurée dans tous les cercles musicaux...

Zorglub: Il y a un an et demi, vous nous avez offert "Coma Divine" live à Rome, album qui fut très apprécié du public et de la critique, et qui constituait une belle opporunité pour découvrir Porcupine Tree sur scène. Les concerts semblent importants pour vous...
Steven Wilson: Jouer live est devenu très important pour nous. Quand Porcupine Tree débuta, c'était juste un de mes projets solo, et il était bien évidemment impossible de jouer sur scène. Cependant, à la faveur du second album, Porcupine Tree est devenu si populaire que j'ai commencé à former un vrai groupe pour jouer les morceaux déjà existants. Cela a si bien marché que bien sûr, les trois musiciens (Barbieri, Edwin et Maitland) sont devenus membres à part entière de Porcupine Tree.

Zorglub: Porcupine Tree est souvnt perçu comme le "nouveau Pink Floyd". Cette comparaison avec le fameux groupe vous ennuie-t-elle ? Pensez-vous qu'elle soit justifiée ?
Steven Wilson: Il n'y a quasiment aucune chronique de Porcupine Tree qui ne fasse référence à Pink Floyd! Personnellement, je ne pense pas que notre musique soit si proche de celle du Floyd, à l'exception de l'album "The Sky Moves Sideways", qui est certainement le plus dérivatif de notre production. Je pense que dans une certaine mesure, l'esprit de la musique et la manière dont sont construits les albums peuvent être rapprochés, mais il y a tellement d'originalité de part et d'autre que cataloguer Porcupine Tree me semble un peu paresseux.

Concernant Pink Floyd, je pense que leurs fans peuvent être grosso modo partagés en deux groupes. Le premier est le plus important (environ 95%), et pense que "Wish You Were Here" est le meilleur album, "The Final Cut" le moins bon et que les autres récents sont OK. Le second groupe (les 5% restants) pensent que "Wish You Were Here" est plutôt froid et synthétique, et que "The Final Cut" est profondément beau et aurait vraiment dû être le dernier! Je fais assurément partie de ce dernier groupe.

Zorglub: Malgré la comparaison évoquée à l'instant, de plus en plus de gens trouvent qu'il y a un vrai style Porcupine Tree. Quel est votre sentiment ?
Steven Wilson: Je suis très heureux d'entendre ça, car depuis cinq albums, nous avons travaillé sur notre propre son pour élaborer le style unique de Porcupine tree. Je pense qu'en ce sens, l'album "Signify" est le plus réussi, de même que notre nouvel album qui ne sonne comme rien d'existant (du moins nous le pensons).

Zorglub: Pourriez-vous nous indiquer quelles sont, ou ont été vos influences en tant que musicien ?Qu'en est-il du groupe dans son ensemble ?
Steven Wilson: Nos influences sont trop nombreuses pour être mentionnées. Nous écoutons de nombreux styles musicaux différents et l'avons toujours fait. C'est pour cela que j'ai tant de projets solos touchant à différents styles. L'on m'a si souvent demandé mes influences que j'ai créé une page sur mon site internet où l'on retrouve mes albums favoris.

L'adresse: http://www.nomansland.demon.co.uk.

Zorglub: Où les membres de Porcupine Tree trouvent-ils l'inspiration et la créativité nécessaire pour proposer aux auditeurs des atmosphères aussi variées d'un album à l'autre ?
Steven Wilson: Il est normal que la musique évolue, sinon nous ne nous sentons pas inspirés, et les auditeurs s'ennuient. Je sais qu'il y des personnes qui souhaiteraient nous voir refaire un "The Sky Moves Sideways" encore et encore, mais cela ne nous intéresse pas du tout. Les goûts musicaux, les humeurs changent, la personnalité évolue et la technologie disponible s'améliore. Toutes ces choses influent et transforment notre musique.

Zorglub: Comment procédez-vous à l'écriture des morceaux ? Partez-vous du texte ? De sons ?
Steven Wilson: Nous n'avons pas qu'une seule manière d'écrire la musique. Des fois le texte en premier, une autre fois un son ou un sample, une autre fois encore un piano ou une guitare, et parfois même cela sort d'une improvisation collective.

Zorglub: Vous avez déjà joué en concert des morceaux qui apparaîtront sur votre prochain album studio... Pouvez-vous nous en dire plus ?
Steven Wilson: Nous avons effectivement joué trois nouveaux morceaux lors de la dernière tournée. Une longue pièce (une quinzaine de minutes) appelée "Even Less", et deux plus courtes "Ambulance Chasing" et "This is no Rehearsal". Cela a été une fantastique opportunité pour nous de pouvoir jouer et tester ces nouveaux morceaux en live avant de les enregistrer. Une conséquence de ces tests grandeur nature est que nous avons procédé à quelques changements avant de les enregistrer en studio. En fait, nous avons enregistré beaucoup plus de morceaux que nous n'en aurons besoin pour le nouvel album, et je ne suis pas certain que "Ambulance Chasing" sera dessus, mais les deux autres le seront.

Zorglub: Un dernier mot pour les lecteurs d'ARTeFACT ?
Steven Wilson: Merci à tous ceux qui nous soutiennent en France, nous espérons vraiment revenir pour d'autres concerts au début de l'année prochaine. Au revoir!

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