Zorglub:
La France a eu le plaisir de vous accueillir l'an dernier pour deux concerts
en avril-mai. Comment cela s'est-il passé ?
Steven Wilson: Nous
avons bien aimé les deux concerts (Paris, Bordeaux), mais particulièrement
celui de Paris où le public était très réceptif.
Nous avons d'ailleurs remarqué que le public était essentiellement
issu de la mouvance progressive alors que nous aimerions toucher en France
tous les amateurs de bon rock comme c'est le cas dans les autres pays
d'Europe. Sûrement la couverture médiatique n'a-t-elle pas
été bien assurée dans tous les cercles musicaux...
Zorglub:
Il y a un an et demi, vous nous avez offert "Coma Divine" live à
Rome, album qui fut très apprécié du public et de
la critique, et qui constituait une belle opporunité pour découvrir
Porcupine Tree sur scène. Les concerts semblent importants pour
vous...
Steven Wilson: Jouer
live est devenu très important pour nous. Quand Porcupine Tree
débuta, c'était juste un de mes projets solo, et il était
bien évidemment impossible de jouer sur scène. Cependant,
à la faveur du second album, Porcupine Tree est devenu si populaire
que j'ai commencé à former un vrai groupe pour jouer les
morceaux déjà existants. Cela a si bien marché que
bien sûr, les trois musiciens (Barbieri, Edwin et Maitland) sont
devenus membres à part entière de Porcupine Tree.
Zorglub:
Porcupine Tree est souvnt perçu comme le "nouveau Pink Floyd".
Cette comparaison avec le fameux groupe vous ennuie-t-elle ? Pensez-vous
qu'elle soit justifiée ?
Steven Wilson: Il
n'y a quasiment aucune chronique de Porcupine Tree qui ne fasse référence
à Pink Floyd! Personnellement, je ne pense pas que notre musique
soit si proche de celle du Floyd, à l'exception de l'album "The
Sky Moves Sideways", qui est certainement le plus dérivatif de
notre production. Je pense que dans une certaine mesure, l'esprit de la
musique et la manière dont sont construits les albums peuvent être
rapprochés, mais il y a tellement d'originalité de part
et d'autre que cataloguer Porcupine Tree me semble un peu paresseux.
Concernant Pink Floyd, je pense que leurs fans peuvent être grosso
modo partagés en deux groupes. Le premier est le plus important
(environ 95%), et pense que "Wish You Were Here" est le meilleur album,
"The Final Cut" le moins bon et que les autres récents sont OK.
Le second groupe (les 5% restants) pensent que "Wish You Were Here" est
plutôt froid et synthétique, et que "The Final Cut" est profondément
beau et aurait vraiment dû être le dernier! Je fais assurément
partie de ce dernier groupe.
Zorglub:
Malgré la comparaison évoquée à l'instant,
de plus en plus de gens trouvent qu'il y a un vrai style Porcupine Tree.
Quel est votre sentiment ?
Steven Wilson:
Je suis très heureux d'entendre ça, car depuis cinq albums,
nous avons travaillé sur notre propre son pour élaborer
le style unique de Porcupine tree. Je pense qu'en ce sens, l'album "Signify"
est le plus réussi, de même que notre nouvel album qui ne
sonne comme rien d'existant (du moins nous le pensons).
Zorglub:
Pourriez-vous nous indiquer quelles sont, ou ont été vos
influences en tant que musicien ?Qu'en est-il du groupe dans son ensemble
?
Steven Wilson: Nos
influences sont trop nombreuses pour être mentionnées. Nous
écoutons de nombreux styles musicaux différents et l'avons
toujours fait. C'est pour cela que j'ai tant de projets solos touchant
à différents styles. L'on m'a si souvent demandé
mes influences que j'ai créé une page sur mon site internet
où l'on retrouve mes albums favoris.
L'adresse: http://www.nomansland.demon.co.uk.
Zorglub:
Où les membres de Porcupine Tree trouvent-ils l'inspiration et
la créativité nécessaire pour proposer aux auditeurs
des atmosphères aussi variées d'un album à l'autre
?
Steven Wilson:
Il est normal que la musique évolue, sinon nous ne nous sentons
pas inspirés, et les auditeurs s'ennuient. Je sais qu'il y des
personnes qui souhaiteraient nous voir refaire un "The Sky Moves Sideways"
encore et encore, mais cela ne nous intéresse pas du tout. Les
goûts musicaux, les humeurs changent, la personnalité évolue
et la technologie disponible s'améliore. Toutes ces choses influent
et transforment notre musique.
Zorglub:
Comment procédez-vous à l'écriture des morceaux ?
Partez-vous du texte ? De sons ?
Steven Wilson:
Nous n'avons pas qu'une seule manière d'écrire
la musique. Des fois le texte en premier, une autre fois un son ou un
sample, une autre fois encore un piano ou une guitare, et parfois même
cela sort d'une improvisation collective.
Zorglub:
Vous avez déjà joué en concert des morceaux qui apparaîtront
sur votre prochain album studio... Pouvez-vous nous en dire plus ?
Steven Wilson:
Nous avons effectivement joué trois nouveaux
morceaux lors de la dernière tournée. Une longue pièce
(une quinzaine de minutes) appelée "Even Less", et deux plus courtes
"Ambulance Chasing" et "This is no Rehearsal". Cela a été
une fantastique opportunité pour nous de pouvoir jouer et tester
ces nouveaux morceaux en live avant de les enregistrer. Une conséquence
de ces tests grandeur nature est que nous avons procédé
à quelques changements avant de les enregistrer en studio. En fait,
nous avons enregistré beaucoup plus de morceaux que nous n'en aurons
besoin pour le nouvel album, et je ne suis pas certain que "Ambulance
Chasing" sera dessus, mais les deux autres le seront.
Zorglub:
Un dernier mot pour les lecteurs d'ARTeFACT ?
Steven Wilson: Merci
à tous ceux qui nous soutiennent en France, nous espérons
vraiment revenir pour d'autres concerts au début de l'année
prochaine. Au revoir!
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