Artefact
: Ce soir c'est la dernière date d'Opeth en france... votre avis
sur la réaction du public à ce nouvel album "Deliverance"?
Opeth :
Franchement bonne. Nous ne pensions pas recevoir
un tel accueil en France. Par le passé la réponse du public
n'a jamais été mauvaise, mais sur cette tournée,
c'est vraiment très fort.
A : Simple curiosité, dans quel pays
avez vous le plus de succès, vente d'albums et concerts compris?
O : Je
dirais les States mais c'est normal car c'est le plus gros marché
donc on ne peut pas comparer avec l'Europe. En Europe, la Suède
est le pire... on y a vendu 3000 albums seulement... incomparablement
moins qu'In Flames... en France je crois qu'on s'en sort pas mal.
A : Qu'est ce qu'un bon album d'Opeth ? Est-ce
que c'est la réaction du public qui te le dis ?
O : Non je n'attend pas la réaction
du public, à partir du moment où nous en sommes satisfaits
nous-mêmes ça va, tout ce que nous faisons nous le faisons
pour notre propre plaisir... après si les critiques sont mauvaises
je m'en fous...Avec le recul je suis toujours satisfait de nos anciens
albums
peut-être que je changerais un peu le son de Morningrise
quand même.
A : Je vous ai vus à San Francisco pour
"Blackwater Park", je vous ai trouvés très réservés
sur scène voire timides
O : Je ne pense pas que nous soyons
timides, mais nous ne sommes pas acteurs comme certains, nous ne voulons
pas avoir l'air de ce que nous ne sommes pas. Sur scène nous
voulons être nous-mêmes. Quand on est contents, on sourit,
quand on se fait chier, j'imagine qu'on a l'air de se faire chier !
(Rires) Nous sommes naturels c'est tout.
A : Votre musique est plutôt complexe,
pensez-vous bien rendre sur scène toutes les finesses de votre
style ?
O : Dans le passé, nous avons
décidé de ne jamais enregistrer de choses que nous ne
pourrions pas faire sur scène. C'est pourquoi nous n'avons jamais
trois pistes de guitares simultanées par exemple. Mais on a réalisé
que si on mettait effectivement cette troisième guitare ça
sonnait quand même vachement mieux
un dilemme pas encore
tranché entre nous mais on compose toujours avec à l'esprit
qu'il faudra jouer nos titres en live...
A : La presse étiquette votre musique
"death progressif". Vous sentez-vous proche de cet adjectif
qui fleurit un peu partout ?
O : Oui, tout à fait. Je pense
que quand nous avons commencé nous n'étions pas des metalheads.
Nous étions plutôt tournés vers le rock progressif
des 70's (Camel, etc) avec leurs longs morceaux et leur approche ambitieuse
de la musique. C'est pas tant faire des morceaux longs que nous voulions,
mais nous voulions y mettre plein de choses et au final les titres étaient
longs... nous nous sentons très proches des groupes de prog des
70's. Ils nous ont appris beaucoup à propos de la musique car
ils avaient une approche très riche de la musique.
A
: Ecoutez-vous la nouvelle scène métal prog ?
O : Comme Dream Theater et autres ?
Pas vraiment, je suis impressionné par des groupes comme Dream
Theater bien-sûr, parce qu'ils sont doués, mais je pense
qu'ils poussent trop loin le côté technique. Je préfère
quand les chansons ont un bon rythme et sont assez simples.
A : Vous avez une façon très
particulière de composer des riffs, est-ce que c'est venu naturellement
?
O : Je pense que ça vient du
fait qu'aucun d'entre nous n'a pris de leçons de guitare. Quand
on a commencé, on n'y connaissait rien et on ne savait pas comment
on devait sonner. J'ai pris des leçons bien plus tard.
A : Oui mais d'habitude quand on ne connaît
pas on a tendance à copier les autres et donc à faire
des "powerchords" et autres "palm muting", comment
vous est venue votre originalité ?
O : Encore une fois, nous écoutons
beaucoup de choses différentes et notamment du rock progressif.
C'est un style dont nous nous sentons proches donc naturellement nous
avons commencé à composer "progressif" dès
le début. On a juste mis beaucoup de disto sur les accords pour
les rendre heavy, ajouté la puissance et la noirceur du métal
et au final nous voilà! (Rires)
A : Dans le futur pensez-vous incorporer plus
d'éléments extérieurs, tirés du classique
ou du jazz comme vous avez commencé à le faire avec "For
absent friends" ?
O : Oui, nous incorporons tout ce que
nous aimons... Mike compose l'essentiel, mais si je veux caser un accord
jazz ou un break classique ici ou là, ce sera fait. Je suis content
que tu aies noté ce morceau, ça me fait plaisir, c'est
moi qui lui ai donné sa couleur après avoir entendu un
morceau de "Seal" à la radio.
A : A quoi ressemblera Opeth après Damnation
?
O : J'en n'ai aucune idée pour
le moment. On va tourner un peu partout en Suède, en Australie
aussi pour à peu près un an encore. Ensuite on fera sans
doute une pause et seulement après on se remettra à travailler
sur le prochain album... "Damnation" ne représente
pas une nouvelle direction pour Opeth, c'est juste un album très
personnel que nous voulions vraiment faire.
A : On t'envoie pour un an sur une île déserte
et tu ne peux emmener qu'un album, lequel est-ce ?
O : hum... le truc qui me vient à
l'esprit c'est le dernier Porcupine Tree "In Absentia".