Vous
vous produisez une nouvelle fois dans la région de Brest, qu'est-ce
qui vous motive tant pour venir si souvent par ici ? et plus généralement
à beaucoup tourner malgré le fait que vous n'ayez pas
de maison de disque actuellement ?
Mouss : C'est
vrai qu'on est actuellement libre comme l'air, on va un peu où
on veut.
Stephan : Ce sont les invitations qui
nous poussent à revenir souvent par ici, on y prend vite goût
!
M : Oui, et nos racines sont ici, ça
fait plaisir de revenir là où tout à commencé
pour nous.
Avez-vous été satisfaits du travail de Sony, votre ancienne
maison de disque?
M : Oui
dans un certain sens, ils ont bien assuré sur tout ce qui est
développement sur le terrain, mais ce qui nous a un peu froissé
est que pour le troisième album ils n'ont pas engagé les
moyens adaptés par rapport aux risques qu'on a pris. On a voulu
franchir un pas, proposer quelque chose de nouveau pas seulement destiné
aux gens qui viennent nous voir que en concert. Il y a tout un travail
qui a été un peu sapé comme la réalisation
de clip ou la promo radio, donc on a été frustrés
de voir que la maison de disque ne suivait pas après tout le
travail fourni.
Et quant à l'accueil de votre dernier album " De Cercle
En Cercle " par le public, satisfaits ?
M : Carrément
! Pour être franc, c'est l'album qui a été le plus
décrié parmi les fans, mais c'est lui qui s'est le plus
vendu et dont les tournées ont le mieux marché. Quand
il est sorti, ça a beaucoup tchatché sur le net chez les
fans de " Contraddiction ", mais on avait besoin de changer
après la sortie du deuxième album et deux ans de tournée.
Pourtant, quand on a commencé à composer c'était
plutôt des chansons comme celles de " Contraddiction "
qui nous venaient, mais on a voulu prendre plus de risques et voir ce
que ça donnait. Et on ne regrette pas du tout !
Votre album live est arrivé très tôt dans votre
carrière
S : Oui,
en fait l'occasion s'est présentée de pouvoir enregistrer
cela et on voulu essayer. On voulait faire un disque pas cher, sans
promo, que les aficionados puissent apprécier comme ils apprécient
Mass Hysteria en concert.
M : Seulement,
c'était du matos emprunté sur place et on était
en plein enregistrement de " Contraddiction " avec Collin
Richardson. Du coup, on s'est retrouvé avec un gros mur du son
sur l'album et le disque live coinçait un peu à ce niveau-là.
Quelle type d'évolution à long terme envisagez-vous ?
S : C'est
à nous de se réinventer sinon notre public vieillirait
avec nous. On ne s'appelle pas AC/DC qui ne sort que des albums dans
la même veine.
M : On
gardera par contre notre accordage en ré, plus bas ce n'est plus
du rock, c'est du néo métal ou tout ce qu'on veut. Dans
l'esprit, on est très rock'n'roll, on est influencés par
plein de choses, je suis un fan absolu des Beatles, de tout ce qui est
psychédélique des années 60/70
Aujourd'hui,
il y a la vague des groupes en " The " comme At The Driving,
The Hives, The Libertines
Cette vague propose des choses assez
accrocheuses avec des morceaux de deux minutes trente, mais j'ai connu
ça il y a longtemps avec des vieux groupes mais aujourd'hui je
ne retrouve pas le même feeling avec ça. Certains sortiront
du lot et resteront, il y en aura peut-être cinq sur les cent
qu'il y avait au départ, mais c'est comme toujours, les meilleurs
restent.
Ceci nous amène à parler du prochain album, que pouvez-vous
nous dire aujourd'hui ?
M : Ce
n'est pas un retour à ce qu'on faisait avant même si on
retrouve beaucoup de punch comme dans " Contraddiction ",
disons que le climat actuel est assez tendu politiquement et au niveau
de l'actualité. On aime pas brosser le tableau apocalyptique
du 20h où tout va mal, c'est vrai qu'on vit dans un monde de
merde plein d'inégalités, mais on n'est pas les mieux
placés pour se plaindre dans un pays riche comme la France, on
appelle plus à améliorer et à construire quelque
chose.
Miossec qui participe à l'écriture des paroles est donc
dans la même optique
M : Oui
! C'est quelqu'un de super engagé, il a même été
journaliste dans la presse pendant deux ans. Notre collaboration a commencé
à Paris lors d'un concert contre la guerre en Irak où
on a chanté ensemble. Pour l'album, on lui a donné dix
morceaux en instrumental et il a bossé pendant deux mois en sachant
sur quelle ligne de pensée je me trouve aussi. Cela dit, je voulais
chanter du Miossec, et pas seulement un truc qu'il aurait écrit
pour Mass. Quant à mon inspiration, elle est toujours intacte
mais en avançant j'avais envie d'expérimenter d'autres
choses. Mais je ne vais pas nier le fait que la collaboration avec Miossec
m'a remis sur les rails à un certain moment, ça m'a motivé
et je me suis mis à écrire dans tous les sens ! Je me
reconnaissais dans ses textes et ça m'a rassuré quant
à certains doutes.
N'avez-vous pas envisagé une collaboration avec Indochine avec
qui vous avez fait une apparition télé, et que vous avez
aussi retrouvé sur des festivals ?
M : Non,
pas du tout. Pour Indochine, c'est plus une affinité comme entre
collègues. On se respecte, ce mec a un parcours impressionnant,
il a été au creux de la vague mais a su revenir au top
et aujourd'hui il peut chanter devant dix mille personnes qui connaissent
toutes ses paroles par cur.
S : C'est une icône, avant de jouer avec Indochine je pensais
ne rien connaître d'eux mais en commençant à jouer
je me rendu compte qu'en réalité je connaissais huit chansons
sur dix.
M : On est pote aussi avec les Louise Attaque mais je suis pas sûr
qu'on pourrait faire un duo ensemble. Pour Miossec, c'est différent,
c'est un ami, qui plus est Brestois (Ndlr : Mouss vient également
de Brest), on s'est connu pour la première fois dans les bars
à Brest.
Comment vous situez-vous par rapport à d'autres groupes de la
scène française comme Watcha, Lofofora
?
M : On
a connu Lofofora lors de leur deuxième album, ils nous ont invités
en première partie où on a beaucoup appris, ensuite on
a fait les Transmusicales de Rennes qui ont été le tremplin
pour Mass Hysteria. Après ça, la machine était
lancée.
N'avez-vous pas un côté paternel pour tous les groupes
qui ont démarré après ?
M : Après
qu'on ait commencé il y a eu un petit répit, et toute
une vague est arrivée avec des groupes comme Enhancer, Pleymo,
Acmé, Tripod
On est arrivé entre deux vagues en
fait, entre la vague alterno et la vague néo, c'est pour cette
raison qu'on ne peut pas vraiment nous étiqueter. On ne fait
pas du néo métal car on a pas le même accordage,
on est plutôt grosses guitares et machines.
Ne sentez-vous pas d'essoufflement, un besoin de changement, le public
en demande-t-il toujours autant ?
M : On
n' a pas assez de recul par rapport à la scène française
pour voir ça, je ne sais même pas précisément
à quel mouvement on appartient. En fait, je ne cherche pas à
voir quels mouvements fonctionnent, je suis pote avec les bons esprit,
après qu'ils soient dans le métal, le hardcore, la techno
ou pure chanson française, c'est pas un critère pour moi.
Mass Hysteria en 3 mots ?
M :
Simple,
efficace, jovial ! On est une belle brochette d'enculés quand
même dans Mass Hysteria !
S : Oui,
ça pourrait être : colonie, de, vacances !
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