INTERVIEW


Interview par téléphone de Imperial Sodomy.
Mars 2005
Par Zorglub
 

Ayant reçu le dernier brûlot de IMPERIAL SODOMY, un groupe de brutal death de la région Cannoise, qui vaut son pesant de décibels et de violence verbale, Zorglub est parti enquêter plus avant sur les motivations du groupe et plus particulièrement sur son parolier Mordred.

 

A : Salut Mordred, pourrais-tu nous présenter Imperial Sodomy en quelques mots, votre parcours, votre actualité etc.. 
Mordred :
Salut, IMPERIAL SODOMY a été fondé par Disaster il y a 7 ou 8 ans. Depuis, ce dernier a quitté le groupe et en fait il n'y a plus aucun membre du line-up d'origine dans le groupe maintenant. Nous officions dans le brutal death et "Demolished" est notre troisième effort après "Piss and Love" et "Torment in the pacific". Nous habitons tous dans la région de Cannes et environs, avons un contrat avec Diamond Productions qui produit aussi des groupes comme Carnal Lust, Golem ou Kabbal. Côté concerts, on en fait pas mal en ce moment, environ 2 par mois, un peu partout : Paris, Bordeaux, Lille etc.

A : Bon, pour en venir au but de cet entretien, parmi la dizaine de CD que j'avais à chroniquer, figurait le vôtre, "Demolished". Je m'y suis attelé un samedi matin et j'ai été très négativement interpellé par certains textes de votre l'album. Par exemple dans le premier morceau "Cool shit", tu lâches carrément un "Die fucking gay" [meurt putain d'homosexuel]...
Mordred : ... Ouais, ça j'avoue c'est vrai que ça craint quoi...

A : Attends, voici encore que j'ai noté "I rape your wife and your daughter", "I pray for war", "I hold a bomb and in a crowded place I will explode"..

Mordred : (rires)

A : Tu t'en souviens ?

Mordred : Ouais, ouais évidemment (rires). Faut dire que c'est pas forcément à prendre au premier degrés, c'est plus pour lâcher la haine, au maximum. Quand je me mets à écrire des textes, je m'aperçois en fin de compte que je parle toujours de la même chose, de la race humaine, de la destruction de la planète etc. Mais je ne cherche pas à me corriger car en fait ça colle parfaitement au style de musique qu'on fait. Après, c'est plus à la personne qui nous lit de comprendre que les textes sont plus là pour coller à une ambiance horrible et très violente que pour délivrer un message philosophique. Même si je pense qu'il a quand même des trucs réfléchis dans ce que j'écris.

A : Ben justement, si tu pouvais nous parler un peu plus des textes, il y a en effet beaucoup de choses sur l'auto-mutilation, le dégoût de la société et la violence pure. Si tu pouvais nous parler un peu plus de ce que tu ressens quand tu écris tes textes..

Mordred : Ben par rapport à mon opinion sur à la vie et tout ce qui tourne autour d'elle, j'ai commencé à avoir des idées arrêtées il y a à peu près 10 ans de ça. J'étais clochard à la base. J'ai commencé à faire du death à cette époque là. J'étais clodo à part entière sauf pendant les répétitions avec le groupe. J'avais rien d'autre dans la vie. Donc j'avais une vision. Tout ce que j'avais pu vivre dans mon enfance, j'avais tout remis en question, j'étais dégoûté par tout et en même temps je m'apercevais que tout ce qu'on considère généralement important dans la vie, par habitude, est en fait totalement superficiel et inutile.

A : Tu penses à quelque chose en particulier là ?

Mordred : Un truc en particulier ? Je suis pas intolérant mais par exemple, le fait d'avoir une religion je trouve ça ridicule et tout ce qui tourne autour de ça, ceux qui pensent qu'ils ont une âme etc. je trouve ça ridicule et ça me dégoûte un peu.

A : Ok, au niveau des textes ça se ressent effectivement un peu, tu détruis, tu "demolished" même si j'ose dire, le genre humain et l'Homme en temps que tel..

Mordred : Oui, c'est ça, pour moi la vie c'est manger, chier et dormir. Les préoccupations de la vie c'est de survivre et quand tu n'as plus ces soucis, moi par exemple je travaille aussi maintenant, le reste c'est de la distraction. Toutes les autres activités que tu peux avoir c'est pour te distraire, et c'est comme ça qu'on en est arrivé à aimer le brutal death. Dans la distraction c'est hyper intense et ça réfère toujours à la mort… et la mort c'est justement le truc dont on est forcé de se distraire.

A : C'est marrant tout ce dont on vient de parler n'apparaît pas dans les textes. Moi ce que j'ai lu ce n'est que de violence pure ligne après ligne. Rien d'autre, pas de message, que de la violence et de la violence, bref incompréhensible.

Mordred : Quand j'écris les textes il y a très peu de métaphores ou de langage détourné, c'est vraiment que du brut et du sens premier pour se démarquer d'autres groupes qui vont être tout aussi violent mais qui vont parler par images. Nous au contraire, on trouve ça plus marrant d'avoir une attitude complètement basique et terre à terre. Et ça vient des influences qu'on a comme Deicide qui a des textes vachement crûs qu'on apprécie beaucoup.

A : Oui c'est vrai, tu parlais du morceau "Kill the Christians" dans un mail mais même dans celui-ci, qui est pour le moins "cash" au niveau des textes, on sent à quoi Deicide s'attaque. Au contraire, dans les textes de "Demolished", on se prend tout dans la tête, sans savoir ce qui se passe. On sent qu'il y a de la rage et de la violence mais on sait pas pourquoi, y'a pas de message, c'est juste un mal être global, correct ?

Mordred : Oui, c'est totalement ça, si tu commences à réfléchir vraiment à la vie et à ce qui se passe, tu ne trouveras jamais de réponse. Et tu vas t'embrouiller la tête à en chercher pour finalement ne jamais trouver de solution. Alors la solution qu'on a trouvé nous, c'est de faire du brutal death et de se bourrer la gueule. Et ce qu'on adore, c'est faire des concerts et se taper 10h de trajet pour jouer une heure parce que ça nous distrait, que c'est puissant, et qu'on rien trouvé de mieux à faire de notre vie.

A : Est-ce que dans l'album futur tu envisagerais de faire partager ta vie un peu plus, ta rage. Pas forcément plus personnel mais évoquer la même rage en la rendant compréhensible, en partageant quoi.

Mordred : Au contraire ce n'est pas trop le but. Si tu regardes notre musique, on la fait de telle manière que tu puisses rien comprendre. On veut que ça aille trop vite, que tu ne captes rien, que ça explose de partout. Même sur les petits refrains qui reviennent, moi j'essaye de faire en sorte que ça déborde de haine de tous les bords et que tu perdes tous tes repères. Donc non c'est pas trop le but de faire quelque chose de plus compréhensible.

A : Sinon à titre personnel en temps que fan, quelles sont tes influences au niveau des textes ? 

Mordred : Je suis fan ultime de Manowar, même si ça ne doit pas se ressentir forcément. Ils ont une vision de l'homme qui m'est restée, tout leur délire à propos du courage et d'avoir des grosses couilles en permanence. Mais je crois que j'ai voulu dépasser en basicité et brutalité tout ce que j'apprécie. Par exemple je suis aussi fan de Suffocation, Cannibal Corpsemais leur textesne parlent pas de la vraie vie. Je suis peut être plus influencé par mes lectures aussi : je lis du Lovecraft et du Robert Howard, Maurice Dantec aussi, il est vraiment ultime.

A : Au niveau musical, est ce- que c'est ta vie, tes idées qui t'ont porté vers le death ? Comme meilleur moyen de véhiculer ta rage ?

Mordred : Non, c'est plus simple en fait j'ai commencé dans le métal depuis tout petit. Quand j'avais 10 ans je faisais la guitare avec une règle entre les doigts en écoutant Slayer ou Maiden, j'ai toujours été métal quoi.

A : Est-ce que tu penses que les auditeurs lisent systématiquement les paroles ? 

Mordred : Non, pas du tout. Regardes, moi, même pour les mecs d'Imperial si je leur mets pas les textes sous le nez c'est pas sûr qu'il vont tous les lire.

A : Les paroles de leur propre groupe !..

Mordred : Ouais, il faut vraiment que je surveille que tout le monde soit au courant.

A : Et une fois qu'il l'ont lu est-ce qu'il y a eu des remarques, des réflexions ?

Mordred : Depuis le temps ils me font confiance, et maintenant quand ils lisent un texte ils disent "Ouais c'est puissant".

A : Vous êtes tous dans le même esprit en fait..

Mordred : Oui, on est tous assez dépravés et désespérés de la vie.

A : Pourquoi ? Sur quoi ? Sur la société ? La société française en particulier ?

Mordred : Ouais autant moi que les autres, on est assez dégoûté et je pense que si on n'avait pas le death on serait juste des alcooliques. Sur des trucs précis ? Oha, c'est pas la peine d'être précis. Là je travaille sur les chantiers, c'est pioche, marteau-piqueur et je peux pas prétendre à autre chose à part faire du death. Soit tu baisses ton froc pour être bien au chaud derrière un bureau à gagner un gros salaire, soit comme nous t'essayes d'être un peu intègre avec ce que tu penses et tu travailles dehors. Et quand t'en chie dans le froid, sous la pluie et que tu te casses le cul pour une paye de merde, ça te rend forcément aigri face à un mec qui gagne un super salaire en se branlant..

A : Sinon, j'ai remarqué que tu parles souvent de l'être humain en le remettant à sa place vis-à-vis de la Nature...

Mordred : Oui, effectivement c'est quelque chose que je ressens profondément. Je vois vraiment l'Humanité comme quelque chose qui grouille sur cette planète. Et le fait qu'il n'y ai personne qui puisse dire où l'on va, qu'il n'y ai personne qui sache vraiment ce que nous faisons tous là ni donner un sens à sa vie, moi ça me donne la désagréable sensation d'une humanité qui est là et qui sait pas pourquoi, mais qui ne se gêne pas pour en profiter et pourrir tout autour d'elle.

A : Mais est-ce que ça devrait être autrement, tu es un idéaliste en fait ?

Mordred : Oui oui tout à fait, si tu me demandais comment ça devrait être, c'était mieux à la préhistoire par exemple, je pense. A l'époque ils essayaient juste de trouver de quoi bouffer et un endroit où dormir. La vraie vie quoi, simple et pure.

A : La bête supérieure à l'homme en un sens...

Mordred : Ben ouais, moi je pense. Après être sorti de la période durant laquelle j'étais clodo, quand j'ai commencé à avoir du boulot, à vivre en société, à avoir un appartement, j'arrivais vraiment pas à me préoccuper de truc comme faire les courses et tout, donc je galèrais, j'arrivais vraiment pas à m'y faire.

A : Mais en général ne penses-tu pas que la Nature est elle-même pas terriblement injuste et violente ?

Mordred : Moi je fais pas trop de différence entre le tsunami en Asie par exemple et les camps de concentration. La nature violente et destructrice elle est aussi dans l'homme lui-même et au coeur de la société. Si tu compares les deux exemples que je donne, même si un tsunami c'est terrible, c'est quand même les camps de concentration, un truc humain et de société, qui restent les plus terrifiants et les plus injustes.

A : Pour rester sur la Nature, je vais sortir un paradoxe de ma manche. Tu dis aimer la Nature mais dans le morceau "Cool shit" tu déclames aimer les feux de forêt qui la ravage..

Mordred : Effectivement, je me suit rendu compte que je me contredis parfois. Mais en fait il ne faut pas chercher plus loin, c'est vrai qu'un feu de forêt c'est hyper puissant mais en même temps, ça fait chier quoi. Donc j'avoue que mon raisonnement tiens pas tant la route que ça mais bon .. (rires)

A : Imperial Sodomy, le nom, pourquoi ?

Mordred : Alors là j'en sais foutre rien, c'est Disaster qui a choisi ce nom là quand il a fondé le groupe. Je ne sais pas pourquoi.

A : Une expérience personnelle peut être (rires) ?

Mordred : (rires) J'en sais rien, en tout cas c'est pas un truc que je pratique particulièrement (rires). C'est vrai que ce nom est un peu pourri mais bon, comme tout le monde s'en souvient et y est habitué on s'y retrouve. A un moment on s'est effectivement demandé si on n'allait pas en changer mais comme on joue toujours des anciens morceaux, on s'est dit que ce serait pas très correct.

A : Quels retours avez-vous eu jusqu'à présent de la presse, des radios ?

Mordred : La plupart du temps il y en a deux sortes : ceux qui nous trouvent hyper puissants, qui se rendent compte des progrès qu'on fait à chaque album etc… et les autres qui pensent qu'on fait du gros qui tache, sans intérêt, qu'ont est qu'un groupe de super bourrins qui n'avons rien dans la tête. Et ces chroniques là aussi en fait elles nous font plaisir car elles vont dans le sens de la radicalité de notre musique, donc on est heureux (rires).

A : Prochain album en vue ?

Mordred : Oui on a des nouveaux morceaux. Dans la même veine que ceux là.

A : Les textes ?

Mordred : Dans la même veine. Sauf que dans un morceau je raconte une histoire. C'est pas souvent que je raconte une histoire, il y en a pour trois pages, ça parle d'un mec qui vient de se faire assassiner et qui est en train de mourir. Je raconte son ressenti de la situation. Je me suis amusé comme tu l'auras deviné. Pour les autres textes, j'évoque essentiellement le death, la mort, la destruction etc ..

A: Imperial Sodomy en trois mots ?

Mordred : Puissant, basique et alcoolique !

A : Haha, pas mal, merci Mordred pour ton temps, et à bientôt à un de vos concerts.

Mordred : Merci à toi et Artefact pour l'intérêt que vous nous portez, ça fait plaisir. Et salut à toute la rédaction.

Site Officiel : www.imperialsodomy.com

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