INTERVIEW



Par The Butcher, à l'occasion de la sortie de leur quatrième album "No Gods, No Masters", le 26 Janvier 2004.
 

Originaire du Chili et plus précisément de sa capitale, Santiago, Criminal a depuis quelques temps posé ses valises en Angleterre histoire d’acquérir une dimension plus internationale.
Le nouvel album du groupe, surprend par sa personnalité et la multiplicité des influences que l’on peut y retrouver. A la fois agressif et plein de finesse cet album donne incontestablement une nouvelle dimension à Criminal. Voilà pourquoi je tenais à m’entretenir avec Anton Reisenegger, guitariste et chanteur de la formation.

 

 
De gauche à droite : 
Rodrigo Contreras (guitare), Anton Reisenegger (chant, guitare),
Zac O'Neil (batterie) et Mark Royce (claviers)

 

ARTeFACT : Pour commencer peux-tu nous présenter Criminal, ses membres et son parcours ?

Anton : Avant de fonder Criminal, je jouais dans le groupe Pentagram. Criminal a commencé au début des 90ies au Chili. Nous avons ensuite sorti trois albums et beaucoup tourné, notamment en Amérique du sud avec des pointures comme Slayer, Kreator, Sepultura, Motörhead, Bruce Dickinson, Napalm Death, Anthrax, Exodus, ou Helloween… Nous avons aussi tourné un peu aux USA avec Testament et Overkill en 1999. Bref nous sommes loin d’être de nouveaux venus sur la scène métal. Cependant en 2001, avec Rodrigo (Contreras, guitare) nous avons décidé de venir ici, en angleterre pour pousser l’avanture Criminal vers un autre niveau.
Nous avons alors recruté notre batteur, Zack O’Neil (ex-Extreme Noise Terror, ex-Failed Humanity), notre clavier, Mark Royce (ex-Entwined, ex-Primary Slave) et un bassiste, Robin Eaglestone (ex-Cradle Of Filth, ex-December Moon) qui a récemment quitté le groupe. Donc pour le moment nous recherchons un nouveau bassiste.


ARTeFACT : Pourquoi avoir quitté le Chili ?

Anton : Principalement parce qu’il est difficile d’exporter notre musique à partir du Chili. Et puis on y est vite limités en ce qui concerne les tournées. On peut tourner dans les pays d’Amérique du Sud, mais le marché n’y est pas très grand et si l’on veut jouer en Europe ou aux USA, il faut tout de suite investir beaucoup d’argent, ce qui n’est pas viable pour un groupe comme le notre. Ainsi venir en Angleterre devrait nous permettre de pouvoir nous faire connaître en Europe. Je ne sais pas trop où tout cela va nous mener car il y a tellement de groupes en Europe qu’il n’est pas forcément facile de faire son trou, néanmoins, comme nous avons beaucoup d’expérience en studio et sur scène, je pense que l’on sera à même de conquérir un nouveau public. (Ndlr : En tout cas moi c’est fait !)

ARTeFACT : Comment décrirais-tu votre musique ?

Anton : Nos racine sont incontestablement dans le thrash des 80ies mais au fil des années, nous avons mis notre musique au goût du jour pour la rendre plus moderne avec comme influences Sepultura (Chaos AD.) ou Pantera par exemple. Aujourd’hui, notre nouvel album fait encore un pas vers plus de modernité. Les influences y sont nombreuses, nous y incorporons de la mélodie et des claviers, ce qui n’est pas franchement courant dans le genre…

ARTeFACT : Votre musique est très particulière. A la fois agressive et pleine d’éléments plus subtils, mélodiques ou planants, et bien que certaines influences se ressentent, le tout reste assez personnel pour ne pas sombrer dans la copie pure et simple…

Anton : Oui, heureusement ! (rires). Tout ça découle d’une longue évolution. Je me tiens au courant de ce qui se fait dans le métal, des nouvelles technologies etc et comme j’aime bien des groupes comme Ministry ou Godflesh, ils ont forcément une influence sur la musique que j’écris tout Maiden, Judas Priest ou Metallica à nos début…
J’aime faire évoluer ma musique et j’ai du mal à comprendre les groupes qui n’évoluent pas d’un pouce depuis des années…comme Iron 


ARTeFACT : De nombreuses influences sont présentes sur ce disque : certaines voix éthérées (« Faceless ») font penser à Fear Factory, d’autres passages rappellent Slipknot dans l’approche death metal moderne, l’utilisation de nappes de claviers renvoient à Devin Townsend ou Fear Factory suivant les morceaux… Est ce que ces groupes sont effectivement des influences ?

Anton : C’est vrai oui, je suis fan par exemple de Devin Townsend et de Strapping Young Lad par exemple. Pour « Faceless », c’était un morceau qui était sur une démo. On a trouvé que ça rappelait un peu trop Fear Factory, mais comme Rodrigo est têtu, il voulait la garder… ce qu’on a fait. Mais bon c’est pas grave, c’est quand même un bon morceau et la filiation avec Fear Factory n’est pas trop marquée.

ARTeFACT : Quelles sont vos autres influences ?

Anton : On pourrait citer Napalm Death et Machine Head parmi beaucoup d’autres.

ARTeFACT : Quel est le sujet de cet album ? De quoi parlent vos textes ? Quel message souhaitez vous faire passer ?

Anton : Cet album n’est pas un concept album, donc il n’a pas vraiment de thème général et les sujets sont variés bien que les textes soit globalement directs avec un fort message social ou politique. Un morceau traite du consumérisme, et de l’exploitation du sud par le nord, « Downfall » par de façon ironique du 11 Septembre 2001, « No Return » est basé sur l’œuvre de l’écrivain Henry Miller que j’apprécie beaucoup, d’autre textes sont plus personnels ou issus de l’actualité…

ARTeFACT : Au Chili vous avez atteint une certaine reconnaissance et joué avec des groupes comme Slayer, Sepultura, Kreator, Exodus, Motörhead, Anthrax etc. donc devant beaucoup de fans. Maintenant que vous êtes en Europe, tout est à refaire pour vous… N’est ce pas trop difficile ?

Anton : Oui en effet, ici il faut gravir de nouveau les échelons, mais comme nous avons pas mal d’expérience les choses vont plus vite que par le passé. Et puis comme je continue à m’amuser en jouant ma musique sur scène, ça ne me pose pas de problème d’ouvrir pour d’autres groupes. Par ailleurs, nous n’avons pas d’objectif ; nous n’avons pas prévu de connaître le succès, ni de passer sur MTV… L’occasion s’est présentée à l’époque au Chili car il y avait une excellente émission métal à l’époque et nous avons pu en profiter ; tant mieux ! Mais ce n’est pas un but pour nous. L’important est de se faire plaisir sur scène tout en assurant techniquement et scéniquement. Et pour ça nous sommes plutôt doués et les fans s’en rendent compte. Ils voient que l’on s’éclate sur scène pas comme ces vieux groupes dont certains viennent sur scène comme à l’usine et font des prestations pro mais pas enthousiasmante. D’un autre côté il ya a les jeunes groupes qui eux s’amusent sur scène mais avec qui le concert ressemble plus à une répétition… (rires)

ARTeFACT : Quelle est la place du métal en Amérique du sud / Chili ?

Anton : Le métal est plutôt bien établi là bas. Dans les 80ies c’était underground, dans les 90ies il y a eu pas mal de bouleversements politiques qui ont favorisé l’expansion du genre. Il y a aussi eu l’arrivée de MTV et de cette émission métal qui faisait jouer les groupes sud américains et les faisait connaître… Maintenant de plus en plus de grand groupes font des tournées là bas.

ARTeFACT : Quelle est ta dernière découverte musicale ?

Anton : Dernièrement, comme nous sommes chez Metal Blade, j’écoute un peu les démos qui arrivent et j’ai découvert un groupe que j’aime beaucoup : Neurotic, ils viennent du Portugal et leur album s’appelle « The Rebirth Of Sin ».

ARTeFACT : Criminal en 3 mots ?

Anton : Agression / Intensity / Insanity


ARTeFACT : Un dernier mot pour les lecteurs d’ARTeFACT ?

Anton : Nous allons faire une tournée avec Six Feet Under mais malheureusement nous ne passons pas en France cette fois. J’ai hâte de pouvoir venir jouer chez vous et en Espagne aussi.
Et puis jetez une oreille sur notre nouvel album, nous avons bossé dur dessus et il mérite sa chance !
Merci et à bientôt sur la route !


Site Officiel : www.criminal1.com

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