Après
le concert…
ARTeFACT :
Comment as-tu vécu le concert de ce soir ?
Nergal (chant, guitare, composition) : Ce fut comme
d’habitude excellent, je ne suis pas si surpris car c’est toujours
très bien ici, et de toutes façons la tournée remporte un franc succès
partout. Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes et le public était
excellent. J’aime vraiment la France pour tout ce qu’elle représente,
nous avons vraiment été bien supporté ce soir ainsi que les autres
groupes qui sont excellents (ndlr : Ragnarok, Krisiun, Behemoth).
Les choses vont de mieux en mieux pour le groupe et cela me rend très
heureux. Nous avons juste eu quelques problèmes techniques, les
enceintes retours ne fonctionnaient pas par moments, donc on s’est
contenté de se faire plaisir avec le public. Nous allons maintenant
tourner jusqu’en juin sans gros break, nous allons aux Etats-Unis en
janvier, nous faisons une tournée en Pologne en février puis nous
tournons en Russie avant de retourner aux Etats-Unis avec King Diamond.
De plus, cet été nous ferons des festivals donc j’espère que
arriverons à faire deux cents dates pour cet album.
ARTeFACT :
Ce succès reflète combien le public apprécie vos albums…
Nergal : C’est la conséquence de notre travail, cela se fait
petit à petit. Les gens commencent seulement à réaliser à quel point
le groupe est bon. Nous avons commencé il y a treize ans et à chaque
album nous devenons de plus en plus professionnels, nous nous
surpassons, et aujourd’hui « Demigod » est l’album le
plus brutal que nous ayons jamais fait, avec la plus grosse production.
J’ai passé trois mois et demi à enregistrer l’album, cela parle de
soi-même. Et le public aime vraiment nos albums, nous pouvons le voir
aux concerts même s’ils obtiennent la musique par Internet…
Cependant nous vendons nous-mêmes énormément d’albums et de
T-shirts tous les soirs, c’est incroyable ! Est-ce qu’ils les
mangent ou quoi ? Cela signifie que les gens apprécient ce que
nous faisons, car il s’agit de musique underground donc ceci montre également
que le public supporte le groupe, et je peux rentrer chez moi et payer
mes factures. Par conséquent, nous pouvons nous concentrer sur la
musique et créer de nouveaux albums encore meilleurs.
A :
Que peux-tu nous dire à propos des nouveaux membres du groupe ?
Nergal
: Je
pense qu’ils ont apporté un nouvel esprit au groupe, on me dit que
c’est un bon line-up, maintenant j’espère que les gens ont raison
(rires) ! Seth, le deuxième guitariste est parfaitement à sa
place avec nous (ndlr : il n’était normalement qu’un
guitariste de session, c’est pourquoi il n’apparaît pas sur les
viuels), et Orion à la basse également, mais je ne les vois pas sur scène
car je me concentre sur ce que je fais ! Je pense que le groupe est
maintenant plus charismatique, c’est n’est pas « moi et les
autres », mais quatre individus dans un groupe. J’espère que
cela fait de nous un line-up fort.
A :
Vous avez aussi réalisé un clip, ce qui est quelque chose que vous
n’aviez jamais fait auparavant…
Nergal
: C’est
quelque chose que nous voulions faire depuis des années, ce n’est pas
pour l’argent. Il rend vraiment très bien et montre comment est le
groupe aujourd’hui. Maintenant que nous sommes assez importants pour
tourner dans toute l’Europe et aux Etats-Unis, le label nous a permis
de le réaliser ce qui est une bonne chose, autant pour nous que pour
les fans. Ce clip est très intense, très dynamique, il y a beaucoup de
plans, il est « in your face » ! Le morceau est
« Conquer All », nous l’avons joué ce soir, toute la
chanson est mid-tempo, et elle n’en est que plus heavy et elle te
heurte vraiment.
A :
Ce clip va-t-il être diffusé à la télé ?
Nergal
: Je
pense que le label a dépensé tellement d’argent que je suis sûr
qu’ils feront tout pour qu’il soit diffusé partout (rires) !
Je pense que MTV Tour va le diffuser aux Etats-Unis, et nous avons déjà
été diffusé sur Viva Pologne. Cela fait vendre des albums et fait
s’intéresser les gens plus au groupe, mais le problème est que ceci
nuît à la réputation du groupe, mais nous défendrons cet album
massivement.
A :
Vos vieux albums sont également très bons, mais on ne peut pas les
trouver facilement…
Nergal
: Ils
sont sur la compilation « Chaotica », j’adore ces chansons
mais je ne peux pas faire grand chose de plus car j’ai perdu les
droits dessus. Le music-business est un business de singes. Nous avons
été truandés par de vieux labels en Pologne, mais maintenant nous
avons de vraiment bons contrats. Avant nous vendions l’album au label
alors qu’aujourd’hui les morceaux nous appartiennent, et je ne
signerai plus jamais de contrats différents de ceux-ci. Le groupe est
ainsi à la place qu’il doit occuper. Je me rends compte aujourd’hui
du degré de vilenie des labels, de comment ils traitaient leurs
groupes. Il faut arrêter de se voiler la face, je ne demande pas mieux
que de dire du bien des labels : si je peux dire du bien du label,
c’est que je fixe mes règles. Il n’y a pas de meilleure situation
que celle de musicien quand on se sent en sécurité. Par exemple, il y
a plusieurs années Relapse signait des groupes, mais ceux-ci ne
voyaient jamais un centime, alors qu’ils vendaient des milliers
d’exemplaires de chaque albums ! Imaginez simplement l’argent
qu’ils gagnaient pourtant ! Ils étaient volés, leur musique ne
leur appartenait pas, et ils ne gagnerons jamais d’argent dessus.
Considérez un instant l’effort investi pour créer de la musique,
c’est un vrai crime ! Je déteste cela, et aujourd’hui je dicte
mes règles.
A :
Peux-tu nous expliquer ton approche du satanisme ?
Nergal
: Premièrement
je précise que cela n’a rien à voir avec le racisme, nous ne faisons
pas de différence entre noirs et blancs. Spirituellement nous sommes
heureusement au-dessus de ça… Nous traitons de beaucoup de choses et
je pense que nous créons une nouvelle dimension : nous sommes
rebelles et le satanisme est un moyen de l’exprimer. Nous parlons par
exemple de concept comme les anges déchus ou la nature humaine.
J’aime ces thèmes même si ça fait de moi un sataniste, car c’est
ce que nous sommes. Camus disait que ce qui fait un homme est la rébellion,
c’est-à-dire prendre ses propres décisions, construire son esprit,
être responsable de ce qu’on est et de ce qu’on fait. Il ne faut
pas suivre, mais construire son chemin, être fier d’être un
individu, être indépendant et foncer. C’est cela que signifie le
satanisme pour nous. Mais chaque personne a son opinion, et ce peut-être
quelque chose de différent pour tous les gens qui étaient ici ce soir.
Je ne prétends pas dire « fait ceci » ou « fait cela »,
non, il s’agit d’ouvrir nos âmes à de nouvelles inspirations, et
je n’ai en fait pas de problème avec la chrétienté, même si nous
avons un morceau qui s’appelle « Christians to the lions ».
C’est le principal problème qui peut créer un quiproquo. Nous sommes
allés en Israël, nous avons joué à Jérusalem où nous n’avons eu
aucun problème. Je m’intéresse aussi à l’histoire, et je ne veux
pas me limiter, je pense que c’est la pire chose que nous puissions
faire dans la vie.
A :
Behemoth en trois mots…
Nergal
: Détermination,
conquête, volonté.
Site
Officiel : www.behemoth.pl
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