INTERVIEW



Par The Undertaker, lors du concert du 24/10/04 à la Locomotive à Paris.
 

Behemoth ne cesse décidément pas de prendre de l’importance sur la scène death metal. Après sa formation en 1991, le groupe polonais est pourtant resté très underground pendant plusieurs années, avant de peu à peu se faire connaître en Europe et aux Etats-Unis. L’avant-dernier album en date, « Zos Kia Cultus » avait marqué nos esprit en 2002, voici aujourd’hui son successeur « Demigod », avec un line-up remanié… Comment Nergal conçoit-il les choses ? Quel avenir pour Behemoth ?

Après le concert…

ARTeFACT : Comment as-tu vécu le concert de ce soir ?
Nergal (chant, guitare, composition) :
Ce fut comme d’habitude excellent, je ne suis pas si surpris car c’est toujours très bien ici, et de toutes façons la tournée remporte un franc succès partout. Nous avons donné le meilleur de nous-mêmes et le public était excellent. J’aime vraiment la France pour tout ce qu’elle représente, nous avons vraiment été bien supporté ce soir ainsi que les autres groupes qui sont excellents (ndlr : Ragnarok, Krisiun, Behemoth). Les choses vont de mieux en mieux pour le groupe et cela me rend très heureux. Nous avons juste eu quelques problèmes techniques, les enceintes retours ne fonctionnaient pas par moments, donc on s’est contenté de se faire plaisir avec le public. Nous allons maintenant tourner jusqu’en juin sans gros break, nous allons aux Etats-Unis en janvier, nous faisons une tournée en Pologne en février puis nous tournons en Russie avant de retourner aux Etats-Unis avec King Diamond. De plus, cet été nous ferons des festivals donc j’espère que arriverons à faire deux cents dates pour cet album.
 

ARTeFACT : Ce succès reflète combien le public apprécie vos albums…
Nergal : C’est la conséquence de notre travail, cela se fait petit à petit. Les gens commencent seulement à réaliser à quel point le groupe est bon. Nous avons commencé il y a treize ans et à chaque album nous devenons de plus en plus professionnels, nous nous surpassons, et aujourd’hui « Demigod » est l’album le plus brutal que nous ayons jamais fait, avec la plus grosse production. J’ai passé trois mois et demi à enregistrer l’album, cela parle de soi-même. Et le public aime vraiment nos albums, nous pouvons le voir aux concerts même s’ils obtiennent la musique par Internet… Cependant nous vendons nous-mêmes énormément d’albums et de T-shirts tous les soirs, c’est incroyable ! Est-ce qu’ils les mangent ou quoi ? Cela signifie que les gens apprécient ce que nous faisons, car il s’agit de musique underground donc ceci montre également que le public supporte le groupe, et je peux rentrer chez moi et payer mes factures. Par conséquent, nous pouvons nous concentrer sur la musique et créer de nouveaux albums encore meilleurs.

A : Que peux-tu nous dire à propos des nouveaux membres du groupe ?
Nergal : Je pense qu’ils ont apporté un nouvel esprit au groupe, on me dit que c’est un bon line-up, maintenant j’espère que les gens ont raison (rires) ! Seth, le deuxième guitariste est parfaitement à sa place avec nous (ndlr : il n’était normalement qu’un guitariste de session, c’est pourquoi il n’apparaît pas sur les viuels), et Orion à la basse également, mais je ne les vois pas sur scène car je me concentre sur ce que je fais ! Je pense que le groupe est maintenant plus charismatique, c’est n’est pas « moi et les autres », mais quatre individus dans un groupe. J’espère que cela fait de nous un line-up fort.

A : Vous avez aussi réalisé un clip, ce qui est quelque chose que vous n’aviez jamais fait auparavant…
Nergal : C’est quelque chose que nous voulions faire depuis des années, ce n’est pas pour l’argent. Il rend vraiment très bien et montre comment est le groupe aujourd’hui. Maintenant que nous sommes assez importants pour tourner dans toute l’Europe et aux Etats-Unis, le label nous a permis de le réaliser ce qui est une bonne chose, autant pour nous que pour les fans. Ce clip est très intense, très dynamique, il y a beaucoup de plans, il est « in your face » ! Le morceau est « Conquer All », nous l’avons joué ce soir, toute la chanson est mid-tempo, et elle n’en est que plus heavy et elle te heurte vraiment.

A : Ce clip va-t-il être diffusé à la télé ?
Nergal : Je pense que le label a dépensé tellement d’argent que je suis sûr qu’ils feront tout pour qu’il soit diffusé partout (rires) ! Je pense que MTV Tour va le diffuser aux Etats-Unis, et nous avons déjà été diffusé sur Viva Pologne. Cela fait vendre des albums et fait s’intéresser les gens plus au groupe, mais le problème est que ceci nuît à la réputation du groupe, mais nous défendrons cet album massivement.

A : Vos vieux albums sont également très bons, mais on ne peut pas les trouver facilement…
Nergal : Ils sont sur la compilation « Chaotica », j’adore ces chansons mais je ne peux pas faire grand chose de plus car j’ai perdu les droits dessus. Le music-business est un business de singes. Nous avons été truandés par de vieux labels en Pologne, mais maintenant nous avons de vraiment bons contrats. Avant nous vendions l’album au label alors qu’aujourd’hui les morceaux nous appartiennent, et je ne signerai plus jamais de contrats différents de ceux-ci. Le groupe est ainsi à la place qu’il doit occuper. Je me rends compte aujourd’hui du degré de vilenie des labels, de comment ils traitaient leurs groupes. Il faut arrêter de se voiler la face, je ne demande pas mieux que de dire du bien des labels : si je peux dire du bien du label, c’est que je fixe mes règles. Il n’y a pas de meilleure situation que celle de musicien quand on se sent en sécurité. Par exemple, il y a plusieurs années Relapse signait des groupes, mais ceux-ci ne voyaient jamais un centime, alors qu’ils vendaient des milliers d’exemplaires de chaque albums ! Imaginez simplement l’argent qu’ils gagnaient pourtant ! Ils étaient volés, leur musique ne leur appartenait pas, et ils ne gagnerons jamais d’argent dessus. Considérez un instant l’effort investi pour créer de la musique, c’est un vrai crime ! Je déteste cela, et aujourd’hui je dicte mes règles.

A : Peux-tu nous expliquer ton approche du satanisme ?
Nergal : Premièrement je précise que cela n’a rien à voir avec le racisme, nous ne faisons pas de différence entre noirs et blancs. Spirituellement nous sommes heureusement au-dessus de ça… Nous traitons de beaucoup de choses et je pense que nous créons une nouvelle dimension : nous sommes rebelles et le satanisme est un moyen de l’exprimer. Nous parlons par exemple de concept comme les anges déchus ou la nature humaine. J’aime ces thèmes même si ça fait de moi un sataniste, car c’est ce que nous sommes. Camus disait que ce qui fait un homme est la rébellion, c’est-à-dire prendre ses propres décisions, construire son esprit, être responsable de ce qu’on est et de ce qu’on fait. Il ne faut pas suivre, mais construire son chemin, être fier d’être un individu, être indépendant et foncer. C’est cela que signifie le satanisme pour nous. Mais chaque personne a son opinion, et ce peut-être quelque chose de différent pour tous les gens qui étaient ici ce soir. Je ne prétends pas dire « fait ceci » ou « fait cela », non, il s’agit d’ouvrir nos âmes à de nouvelles inspirations, et je n’ai en fait pas de problème avec la chrétienté, même si nous avons un morceau qui s’appelle « Christians to the lions ». C’est le principal problème qui peut créer un quiproquo. Nous sommes allés en Israël, nous avons joué à Jérusalem où nous n’avons eu aucun problème. Je m’intéresse aussi à l’histoire, et je ne veux pas me limiter, je pense que c’est la pire chose que nous puissions faire dans la vie. 

A : Behemoth en trois mots… 
Nergal : Détermination, conquête, volonté.


Site Officiel : www.behemoth.pl

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