METALLICA
St Anger
On l'attendait depuis longtemps, et
il est enfin dans les bacs en ce jeudi 5 juin 2003. Succédant à
" Reload " sorti fin 97, St Anger est un nouveau tournant dans l'histoire
de Metallica, l'occasion de rappeler que beaucoup d'eau a coulé sous
les ponts pour le groupe depuis cinq ans
Par The Undertaker
Le 4 mars 2002, James refait surface après cette épreuve qui ne devait durer que trois semaines initialement. L'homme aura été hospitalisé pour ses problèmes de dépendance, mais c'est surtout une thérapie morale qui aura été nécessaire pour lui redonner l'envie d'affronter le music-business. Le 1er mai, Metallica retourne pour de bon en studio, au HQ qui est une véritable forteresse entièrement dédiée à Metallica et son nouvel opus. Les trois survivants reprennent ainsi le travail à zéro avec Bob Rock à la console et provisoirement à la basse. Les membres du Metallica Club pourront les suivre au jour le jour via un site spécialement créé " Jump in the studio ", cela dit rien ne filtre et la surprise sera la même pour tout le monde ! Le temps passe et toujours pas de nouveau bassiste, et c'est également Bob Rock qui assure l'intérim en live pour les concerts surprises du 9 juin 2002 au Kimos Club de San Francisco et de la finale du Superbowl le 20 janvier 2003 sur un parking aux abords du stade d'Oakland. Le mois suivant voit l'annonce du nom de l'album, de sa date de sortie et de la tournée. Dans le même temps sort un album tribute to the Ramones " We're a Happy Family " sur lequel Metallica interprète " 53rd and 3rd ", d'autres reprises des Ramones sont présentes sur les singles de St Anger. Le 24 février Robert Trujillo est annoncé comme étant le nouveau bassiste, après avoir exercé ses talents dans Suicidal Tendencies et le groupe d'Ozzy Osbourne. Cela tord donc le cou aux rumeurs les plus stupides comme l'arrivée possible de David Ellefson, Metallica recherchait la personne en osmose avec leur feeling actuel, et non un simple bassiste aussi virtuose soit-il. La machine est finalement sur pied et le chapitre St Anger peut donc commencer. Le 6 mai un MTV icon (émission hommage) leur est consacrée où ils interprètent un medley violent et " Frantic " le premier titre de l'album, le clip de la chanson St Anger est ensuite tourné dans la prison de St Quentin aux Etats-Unis dans laquelle ne sont détenus que des condamnés à mort et à perpétuité. Les quatre guerriers apparaissent dans une forme olympique faisant oublier que le groupe fête ses vingt ans cette année. La date fatidique du 10 juin se rapproche, mais surprise, St Anger sort le 5 en raison de versions pirates circulant sur le net. L'heure est enfin venue de découvrir Metallica ressuscité St Anger se présente sous la forme d'un double digipack contenant l'album de 75 minutes pour 11 titres et un DVD qui n'est autre que l'album joué en studio avec Robert. Le tout n'est pas cher puisqu'il est vendu entre seize et dix-neuf euros. Notons que le digipack est une version limitée mais que l'album sera tout le temps vendu avec le DVD sans coût supplémentaire. Une bonne affaire à première vue L'écoute démarre donc avec " Frantic " sur un riff très lourd et saccadé qui donne tout de suite le ton. Le son des guitares est très brut et très heavy, la basse est bien plus présente qu'avant, mais c'est la batterie qui choque le plus avec un son résonnant et comme dépourvu de toute production. Une fois cette petite entrée en matière surmontée, la rythmique du morceau se révèle tout aussi heavy et violente, Lars utilise sa double pédale généreusement et le chant de James est extrêmement déterminé, méchant, et absent de tout aspect mélodique. La chanson porte bien son nom car on ressent vraiment que cette musique vient des tripes. Aucune influence précise ne vient étiqueter " Frantic ", la rythmique rapide rappelle un côté néo-métal retravaillé à la sauce heavy tandis que les brefs passages clairs font penser à du " Load " version bodybuildée. Les paroles sentent le Hetfield qui en a gros sur l'estomac, il évoque cette période difficile et ses interrogations par rapport à sa vie personnelle et le business. Ce titre reflète nettement l'esprit de l'album, ce qui se confirme par la suite. Petit riff d'intro et la chanson St Anger commence brutalement avant d'accélérer encore plus. On comprend alors que l'album est une boule de haine et que les compères se sont complètement lâchés sans vraiment se soucier de quoi que ce soit. Dans ce tremblement de terre, tous les instruments débitent tout ce qu'ils peuvent dans un esprit toujours aussi naturel et sous-produit. A la tempête succède le calme, un premier passage vraiment clair et mélodique de James nous rassure quant à ses capacités à émouvoir comme par le passé. Ce type de chant peut rappeler System Of A Down mais le timbre de James fait vite oublier tout le reste. La rythmique reprend progressivement avec quelques backing vocals avant de repartir dans le riff rapide. La chanson dure plus de sept minutes en alternant les mêmes riffs de plus en plus rapidement. Les deux guitares sont à l'unisson et aucun solo n'est présent, et malgré cela ce titre est très accrocheur, il donne un bon coup de jeune et prouve que Metallica est toujours là après vingt ans. Les paroles sont plus abstraites que celles de " Frantic " et James exprime son sentiment d'être prisonnier du monde qui l'entoure, elles laissent la part de subjectivité dans laquelle se reconnaissent de nombreux fans. Une chanson qui restera incontestablement dans l'histoire du groupe. Après
cette claque, l'album continu dans la même veine avec " Some
Kind Of Monster " qui, tout aussi longue, est toutefois un peu
plus lente et plus joyeuse. En effet, un des buts de la cure de James
a été d'accepter le rôle des autres membres du groupe,
ainsi Lars et Kirk ont pu s'aventurer sur le terrain réservé
de James, à savoir l'écriture des paroles. Même
si les chansons ne sont pas signées, il est évident de
savoir quand James n'est pas le seul à tenir la plume. Ce troisième
titre passe donc plus inaperçu, il colle parfaitement à
l'album sans cependant révéler de riff ou de mélodies
particulièrement accrocheuses, à la manière de
" Devil's Dance " par exemple. Autre claque, " Dirty
Window " traite du pouvoir dans le songe de James dans une atmosphère
entraînante et rapide. La rythmique qui rappelle Motörhead
est entrecoupée de passages clairs presque sensuels où
James répète " I'm judge and I'm jury and I'm executioner
too " contrastant avec d'autres passages abrasifs où il
martèle " Projector, Rejector, Infector
". On
retient facilement cette mélodie ce qui rend le morceau accessible. Ensuite,
" My World " est aussi une excellente chanson, très
entraînante et surtout très rock'n'roll. Elle peut vaguement
rappeler Nashville Pussy de par ce côté là, mais
elle ne se différencie pas vraiment de l'esprit global de "
St Anger ". Le morceau est aussi long que tous les autres, avec
une structure somme toute linéaire qui rend la musique digeste,
contrairement à "
And Justice For All " qui se
rapproche de " St Anger " par sa brutalité mais qui
est plus difficile d'accès de par la structure complexe des morceaux.
Enfin, " All Within My Hand " nous achève avec une mélodie plus posée qui conclue bien l'album sans faire d'ombre particulière aux piliers de cet opus. Il donne le mot de la fin qui résume on ne peut mieux la chose : " Kill, Kill, Kill, Kill, Kill " !!! Ce nouveau Metallica est donc un tournant supplémentaire dans la carrière du groupe. Il reflète leur besoin de se réinventer après cette période de trouble. C'est en effet toute leur approche de la musique qui a changé, comme le déclare James il essait de capter le moment tel qu'il est, il ne cherche plus à pousser le perfectionnisme au maximum mais à exploiter les riffs tels qu'ils sont. C'est pour cela qu'ils ont utilisé principalement une méthode d'enregistrement totalement numérique (Pro Tool) qui restitue le son intact, contrairement aux méthodes analogiques qui dénaturent le son. St Anger représente le feeling qu'ils avaient sur l'instant, et à ce titre on peut pas dire que Metallica se soit fixé de but précis. Difficile dans ces conditions de continuer à parler de groupe commercial, d'autant plus que le choix volontaire d'un tel son et les rythmiques violentes ne sont pas vraiment ce que recherchent les radios Cet album est presque un pied de nez au music-business, Metallica fait ce qu'il veut et chacun est libre de suivre ou non. Il est évident que les intégristes du " true métal " n'apprécieront guère cet opus, mais avec 85 millions d'albums vendus à ce jour, ils n'ont plus grand chose à prouver, et on peut juste se demander dans quelle direction l'avenir les conduira |