LIVE REPORT

WACKEN OPEN AIR FESTIVAL 2004

Les 5, 6 et 7 Août 2004.
Par The Undertaker.

La Mecque du métal fêtait cette année son quinzième anniversaire avec plusieurs surprises pour les quelques dizaines de milliers de personnes venues du monde entier. La canicule et ses guêpes sont également au rendez-vous, mais heureusement une petite brise rafraîchit un peu nos corps dégoulinants. Tellement de groupes sont présents qu’il est impossible de tout voir, les deux scènes principales prenant le relais l’une de l’autre, tandis qu’une plus petite scène se fait aussi (trop) entendre et qu’un tremplin a également lieu à l’écart. Notons la présence à ce dernier du groupe Artefact qui n’a rien à voir avec le fanzine que vous êtes en train de lire !


La tranquillité de cette paisible campagne du Nord de l’Allemagne commence donc à être mise à mal par Zodiac Mindwarp en fin d’après-midi, laissant ainsi le temps aux innombrables tentes de se monter avant Motörhead, abonné du festival. La prestation de Lemmy ne s’écarte pas d’un iota de la tradition avec de nombreux titres connus, ce que le public présent attend de toutes façons. Toujours dans la tradition, mais cette fois allemande proprement dit, la soirée va se continuer très tard avec Bohse Onkels qui est déjà le dernier groupe de ce soir mais qui jouera plus de deux heures et demi devant un public aussi heureux que rectifié (les bars sont aussi très content) chantant en cœur des paroles bien hermétiques à nos frontières. Le groupe est trop focalisé sur les textes pour s’exporter contrairement à Rammstein ou Subway To Sally. La première nuit commence donc dans la joie mais aussi dans un froid contrastant beaucoup avec la journée, ce que même certaines Bretonnes auront du mal à supporter malgré leur chaleureuse compagnie.
Le lendemain Arch Enemy est un des premiers groupes très attendus avec sa charmante chanteuse Angela Gossow qui n’aura pas tardé à séduire rien moins qu’Iron Maiden, groupe dont ils assurent la première partie aux Etats-Unis cette année. Leur son est monstrueux et la voix de Angela Gossow est réellement impressionnante, on se rend compte que la production n’y est pour rien en studio. Brainstorm fait également bonne impression avant que Mayhem ne trouble la bonne ambiance par un show comme eux seuls savent le faire... Les têtes de cochons sont empalées sur des croix sataniques forgées avant que celles-ci ne s’embrasent sur le premier blast beat de « Whore » dans des flammes impressionnantes. Quelques minutes après le début du concert, le chanteur Maniac s’ouvre l’avant bras à l’aide de son immense lame. Le sang coule à pleine goutte sur les douces mélodies de « Freezing Moon », « De Mysteriis Dom Sathanas », « Fall Of Seraph » et finalement peu de du nouvel album « Chimera ». Alors que les carcasses se consument, Maniac les offre généreusement au public avant que celui-ci ne se tourne du côté de Grave Digger. Comme Motörhead, ils sont bien habitués à jouer ici et l’air de « In The Dark Of The Sun » résonne religieusement. Pendant ce temps, arrive en solo sur la petite scène Timo Kotipelto, ex-chanteur de Stratovarius, pour le plus grand bonheur de ses fans dont malheureusement pour lui Docteur Gonzo ne peut faire parti aujourd’hui. Avant le thrash de Destruction (qui accueille notamment Abbath d’Immortal et Peter Tägtgren en invités), c’est le grand Ronnie James Dio qui investit la scène alors que la température conjuguée à certains autres facteurs locaux provoque une certaine absence de certain(e)s pendant que « Heaven And Hell » résonne au loin. Enfin, l’évènement que nous réserve ce vendredi arrive avec les étoiles sur les notes de « Fear Of The Dark ». Doro est en duo avec Blaze Bailey pour interpréter quelques grands classiques du métal accompagnés d’un orchestre symphonique. Le spectacle est sublime, tout le public reprend en chœur les paroles de « The Trooper », « The Men On The Edge » et « Breaking The Law » qui dans ces conditions arracheraient une larme à Glenn Benton. Le rideau se baisse le temps que les musiciens de Warlock se préparent pour une re-formation exceptionnelle, toujours avec l’orchestre. Le succès est total et rien que pour « All We Are » il est impossible de regretter le déplacement (à moins d’être sévèrement sectaire...). Amon Amarth berce le long chemin du camping avant une nouvelle nuit de festivité improvisée, quoique certains emmènent carrément du matériel de sono et des réserves dignes d’un pub... 
Le dernier jour sera placé sous le signe du métal extrême avec pour se réveiller Bal-Sagoth dont le chanteur a troqué son déguisement contre les vêtements d’un videur (ou alors il sortait lui aussi du lit). Quoiqu’il en soit le tout n’est pas très professionnel contrairement à Death Angel qui aurait mérité de jouer bien plus tard. Les morceaux choisis sont extraits principalement du dernier album « The Art Of Dying » mais honneur est fait également au culte avec « Kill As One » qui achève le set. Les San Franciscains possèdent une technique et un jeu de scène hors-pair qui redonnent ses lettres de noblesse à la Bay Area face à la déferlante germanique. Passé Unleashed, Anthrax repassera une bonne couche de thrash US avant Cannibal Corpse, fidèle à lui même (cf. live report). Nevermore et Hypocrisy poursuivent, tout deux acclamés par le public même si le premier bénéficie d’un son légèrement confus. Le célèbre compositeur et producteur Suédois, Peter Tägtgren, semble épuisé par la chaleur et félicite la foule de survivre dans cet enfer. Arrive ensuite Helloween qui nous présente un show très similaire à celui de Bercy en 2003 (cf. ARTeFACT #26) à l’exception bien sûr de la présence sur scène en fin de show de Kay Hansen qui n’aura que très peu d’affinité avec son ancien compatriote Micheal Weikath. Seule ombre au tableau ensuite avec Children Of Bodom, le groupe n’y est pour rien et se donne au maximum mais il y a un problème de balance et nous n’entendons pas du tout la guitare d’Alexi Laiho sur une bonne moitié du concert. La dernière nuit du festival tombe déjà sur Wacken alors que la monstrueuse scène de Saxon se prépare. Comme le vendredi soir, le spectacle est gigantesque et pendant deux heures durant les Anglais enflamment cette édition 2004 des hits de leur tout aussi gigantesque répertoire. De nombreux invités sont présents sur scène dont un des organisateurs du festival ! En guise de clôture apocalyptique, Satyricon va maintenant nous donner une leçon de black metal (cf. interview ARTeFACT #23) pour ce qui est annoncé comme leur dernier concert. Le moment est donc solennel et le spectacle grandiose, les Norvégiens survolent les morceaux mythiques de leur répertoire de « Dark Medieval Time » à « Volcano ». Les lumières s’éteignent au bout d’une heure avant que deux immenses croix inversées s’embrasent sur scène, impressionnant. Ceci annonce l’arrivé sur scène de Nocturno Culto de Darkthrone. Cette figure du black metal ne donne jamais de concert ce qui va malheureusement se remarquer car l’homme est complètement essoufflé après son premier titre, tandis que Satyr s’est emparé d’une guitare. Les deux légendes en profitent pour rendre hommage à Quorthon de Bathory, décédé il y a quelques mois. La cérémonie s’achève dans le froid de la nuit de Wacken sur la grandiose « Mother North » reprise par la foule, après que Satyr eut avoué : « Quand nous avons créé le black metal en Norvège, nous n’aurions jamais imaginé que tant de gens nous suivraient, nous ne saurons jamais comment vous remercier ».

Même si l’affiche est quelques fois récurrente, le Wacken Open Air est encore cette année un succès car il est définitivement la grande fête du métal et un passage obligé pour tout fan qui se respecte, l’occasion de voir des groupes mythiques qu’il est souvent impossible de voir sans faire des kilomètres par milliers, raison pour laquelle tant de cars se pressent maintenant ici chaque année !

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