LIVE REPORT

METALLICA / Slipknot / The Lostprophets

Le 23 juin 2004 - Paris, Parc des Princes.
Par The Undertaker.

Il devient difficile d’en faire plus pour Metallica qui se produit pour la cinquième fois en France en l’espace d’un an. Après la Boule Noire, le Bataclan, le Trabendo et Bercy, c’est au tour du Parc Des Princes d’être enflammé par la sainte colère dans le cadre du Madly In Anger With The World Tour 2004. Le quatuor de San Francisco n’a ainsi pas arrêté de tourner depuis la sortie de St Anger en juin 2003, et c’est un an après la tournée des stades aux Etats-Unis qu’il s’attaque pour la première fois à une tournée européenne des stades en tête d’affiche. Evènement d’autant plus exceptionnel en France car rarissimes sont les concerts de hard rock ayant rempli nos stades nationaux. Nous n’oublierons pas de sitôt le concert d’AC/DC au Stade De France le 22 juin 2001, record toujours à égaler…


Nous voici donc dans l’ouest parisien aux portes du stade qui accueillera ce soir près de 45000 personnes. Certains attendent là dehors depuis la veille, et ont été rejoints au matin par des dizaines de fans espérant parvenir à prendre une place au premier rang de la fosse. Tout se passe dans un calme très surprenant, la moyenne d’âge est de dix-huit/vingt ans, il n’y a pas de bruit, peu d’alcool et encore moins de substances illicites. La génération Slipknot est plus soft que ses aînés ! Dans l’après-midi le gros des troupes commence à arriver et des barrages sont mis en place dans les rues avoisinantes. Il y a maintenant plusieurs centaines de personnes à l’entrée du stade et l’adrénaline se fait de plus en plus sentir. Nous entendons au loin la foule sur les différents barrages et ceux qui attendent là depuis de nombreuses heures s’agrippent à leur barrière, passeport pour le premier rang. C’est alors que des camions de CRS s’approchent de la foule, sommant tout le monde de reculer pour organiser des contrôles plus loin. Ils ne pouvaient pas trouver mieux pour transformer cette religieuse attente en un bouillonnement de haine ! Ceux qui étaient là depuis la veille allaient se retrouver mélangés à ceux qui sont arrivé deux heures plus tôt. Cette procédure aurait pu être justifiée s’il y avait eu des troubles quelconques mais il n’en était rien. Une fois le barrage mis en place, le filtrage s’effectue sans aucun contrôle, n’importe quoi ! Y aurait-il des CRS nostalgiques des émeutes de concerts punk ? Ou se sont-ils trompés de date avec un PSG-Marseille ? 

Nous pénétrons donc dégoûtés et énervés dans le stade où nous attend une autre petite déception : la scène. Il s’agit d’une version allégée de la plus petite des deux scènes de la tournée, et totalement dépourvue d’originalité. Une fosse de trois mille places est prévue devant la scène pour les premiers arrivés. Lostprophets fait vibrer les premières notes avec son rock anglais pas bien original indigne d’une telle première partie. Leurs quelques centaines de fans présents pourront sans doute mieux les apprécier dans un contexte plus favorable. N’en déplaise à Testament, c’est au tour de Slipknot de tenter d’apporter la première bonne chose de la journée. Ce n’est pas avec leur son largement insuffisant qu’ils y parviendront, mais grâce à une énergie scénique dévastatrice. Le public joue le jeu gentiment sous le soleil rude de la journée qui commence à se coucher (peut être desséché devant les minuscules bouteilles d’eau à 3€). Le groupe propose une setlist équilibrée entre tubes et nouveaux morceaux, mettant souvent le public à contribution comme sur « Spit It Out » où tout le monde doit s’asseoir. On regrettera juste qu’ils n’aient pas eu un son qui les mette mieux en valeur, d’autant plus que qu’une grosse partie du public est là aussi bien pour Slipknot que Metallica.

Le Parc Des Princes n’est pas tout à fait complet quand l’ambiance devient réellement électrique. Le public chante, fait la ola d’un bout à l’autre du stade, et montre enfin son enthousiasme. « Ecstasy Of Gold » lève comme d’habitude le rideau, l’air d’Ennio Morricone est repris par les fans (seulement les fans car les autres ne semblent pas au courant qu’il s’agit de l’intro de Metallica, ne parlons pas de « It’s A Long Way To The Top » qui passe aussi bien qu’Avril Lavigne…) mais cela ne vaut pas la grande messe de Bercy. Nos quatre amis arrivent sur scène alors que l’intro de « Blackened » s’achève pour laisser place au gros son « made in California ». Les amplis sont enfin allumés ! Fidèles à eux-mêmes, Metallica embrasent les lieux en enchaînant rapidement avec « Fuel » et sa pyrotechnie, on remarquera au passage la coupe de cheveux horrible de James Hetfield : rasé sur le côté avec une mèche sur le devant comme Tintin... passons. Le public répond donc définitivement présent sur l’air de « Sad But True » avant la première bonne surprise : « Fade To Black ». Nous ne sommes en effet pas là pour être mangés à la sauce 2003, ce que le groupe a bien appréhendé en proposant des setlists différentes sur chaque concert cette année. Le stade fait honneur à cette chanson qui fête ses vingt ans. Précédée de « Frantic », « Holier Than You » est ressortie du placard avant une petite surprise réservée aux initiés : « I Disappear ». La B.O. de « Mission Impossible 2 » rend nettement mieux en live que sur single grâce à une tonalité beaucoup plus mélancolique et une intro psychédélique revue par Kirk Hammet. Le groupe poursuit avec « Wherever I May Roam », « St Anger », « Creeping Death » et « Battery » bien mieux connues du public. Après une première pause vient un autre cadeau avec « No Leaf Clover », chanson un peu à part extraite du live symphonique, qui rend plus lourde sans son orchestre et qui fait beaucoup appel au public sur les breaks à la manière de « St Anger ». L’incontournable « Nothing Esle Matters », toujours de toute beauté, est suivie des autres piliers « Master Of Puppets », « One » et « Enter Sandman ». Notons un petit problème technique sur « One » qui privera la chanson de guitare rythmique le temps que James chevauche une autre Explorer. Robert Trujillo nous offrira également un sublime solo de basse, medley « Orion », « To Live Is To Die » et « My Friend Of Misery », un véritable voyage à travers ces airs intemporels universellement appréciés. Le second rappel reste dans cet esprit là avec la plus belle offrande que Metallica pouvait nous faire : « Dyers Eve », sans doute la chanson la plus violente et chargée de « sainte colère » de leur répertoire, bien que Lars Ulrich se permette quelques libertés comme la quasi suppression de la double pédale. C’est un des rares titres à n’avoir jamais été joué en concert avant cette tournée. Le groupe termine sur « Seek And Destroy » ce qui est un mauvais choix après l’intensité de « Dyers Eve », l’inverse eut été plus judicieux (ils terminent par « Seek And Destroy » sur toute cette tranche de la tournée).

Pour ne parler que du concert en lui même, nous retiendrons qu’il vaut mieux voir Slipknot en tête d’affiche, et que la prestation de Metallica était bien calculée pour faire à la fois découvrir les classiques à leur nouveau public et offrir de réelles perles aux connaisseurs. Pas de nouveau passage en France prévu à l’heure actuelle, nous attendons maintenant la sortie en DVD du film documentaire sur la « reconstruction » du groupe et l’enregistrement de « St Anger ».

Site Officiel de Metallica : www.metallica.com

Site Officiel de Slipknot : www.slipknot1.com

Site Officiel de The Lostprophets : www.lostprophets.com

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