METALLICA

28-06-03 - Werchter Rock Festival
22-08-03 - Carling Week-end Leeds

Par The Undertaker

   Le Summer Sanitarium Tour 2003 s'est achevé sous le signe du gigantisme, c'est en effet une tournée des stades américains supplémentaire qui a marqué le retour musclé de la bande de San Francisco en ayant nécessité pas moins de 60 semi-remorques et 90 bus pour transporter les centaines de techniciens, dont 250 travaillent exclusivement pour Metallica, et les deux scènes géantes pour une douloureuse d'un million de dollars par jour à raison de trois shows par semaine sur un mois et demi. La même set-list a été présentée sur toutes les dates, ce qui n'est pas dans les habitudes du groupe, à compter du début de la tournée américaine. Artefact n'a pas seulement répondu présent au Werchter Rock Festival en Belgique avant la tournée aux Etats-Unis, mais également après au festival de Leeds au nord-est de l'Angleterre. Le show de Leeds était donc identique à ceux auxquels les Américains ont pu assister, contrairement à celui de Werchter encore en phase d'expérimentation mais toutefois proche du set final.Round 1, la Belgique ! Le festival est d'une importance comparable aux festivals anglais avec une capacité d'environ 80000 personnes et durant trois jours. Le week-end est sold out, le soleil brille et il y a des t-shirt Metallica partout… la soirée s'annonce terrible ! L'affiche est très éclectique avec du… rap le matin et de la pop l'après-midi. La tension commence à monter vers 18h avec Queen Of The Stone Age très bien accueilli par un public principalement belge et néerlandais, mais aussi allemand, anglais et français. C'est ensuite Arno, le chanteur de variété belge qui ouvre pour Metallica (…vous lisez bien), le tourneur devait être aussi imbibé que lui en faisant la programmation ! Quoiqu'il en soit, l'homme est respecté chez lui même si ce n'est pas la chaude ambiance. La nuit tombe sur la plaine de Werchter, tous les regards sont braqués vers la grande scène sur laquelle trônent déjà les trois micros et la batterie de mister Ulrich. Vers 23h, la musique d'ambiance nous envoie " It's A Long Way To The Top " d'AC/DC comme un clin d'œil aux difficultés rencontrées par le groupe (cf Artefact #24). Cette chanson raconte en effet le parcours de Bon Scott, et Metallica y a sans doute vu une bonne référence pour évoquer les problèmes passés. Les premières notes d' " Ectsasy Of Gold " retentissant juste après ne laissent pas de place pour le hasard. Cet hymne du célèbre western " Le Bon, La Brute et Le Truand " annonce le début du concert depuis pratiquement les débuts du groupe et est vivement repris par le public en conséquence. Tout le monde s'interrogeait plus ou moins sur la chanson d'ouverture, on pensait à " Blackend " ou " Hit The Lights " au regard des quelques dates précédentes, mais c'est en réalité " Battery " qui surgit des starting-blocks avec son intro acoustique et un public de plus en plus présent. A ce moment, le groupe n'est toujours pas apparu. Les lumières s'allument enfin sur le premier riff rapide envoyé par James telle une allumette dans un baril d'essence. L'onde de choc provoque au passage un certain nombre de malaises près de la scène, mais les quelques dizaines de videurs assurent très bien leur rôles. " Battery " est reprise à l'unisson par un public électrique, le groupe semble être au top niveau et se donne au maximum. Le son est excellent, voire même un peu thrash, par moment la rythmique couvre trop les soli. Ni une ni deux, ils enchaînent avec " Master Of Puppets " qui reçoit une ovation monstrueuse. Maintenant le public chante plus fort que James ! Le morceau culte est joué en entier, avec un chorus de Kirk et James repris par la foule et qui semble émouvoir un Hetfield presque surpris de recevoir un tel accueil. Quelques secondes de silence font place, le temps de demander au public s'il passe une bonne soirée et d'introduire " Harvester Of Sorrow ". La chanson donne l'impression de se replonger douze ans en arrière avec le long silence traditionnellement marqué en live, James jouant d'ailleurs sur ce morceau avec une explorer blanche comme à l'époque. C'est un troisième titre de " Master Of Puppets " qui suit avec " Welcome Home (Sanitarium) " dont le riff d'intro résonne religieusement sur Werchter. Il est maintenant temps de nous présenter le nouveau bassiste, James fait le tour des musiciens en terminant par "[ le nouveau membre de la famille Metallica, Mister Robert Trujillo ! ]" ce qui permet à ce dernier de faire la transition avec " For Whom The Bell Tolls ". Les cinq premiers titres datent donc des années 80 à travers lesquels le groupe retrouve toute l'énergie des débuts. En parlant d'énergie, ne faudrait-il pas attaquer " St Anger " le petit dernier ? Après avoir sondé le public enthousiaste sur ce qu'il pensait du nouvel album, Frantic est envoyé avec un son bien évidemment très différent de l'album. La caisse claire est normale et la voix de James est beaucoup plus fluide, le morceau perd ainsi de son agressivité mais est bien plus digeste pour un public dont la moyenne d'âge doit approcher les trente ans. Pas question de faire l'impasse sur certains classiques, " Sad But True " fait une nouvelle fois appel à l'organe de la foule avant de poursuivre avec " St Anger ". On est impatients de savoir ce que rend la chanson live, et malgré quelques difficultés à jongler entre les passages calmes et violents, le chant de James transmet une véritable émotion avec tout ce que St Anger peut symboliser. Comme James s'emploie à le rappeler, nous sommes là pour passer un bon moment, et " No Remorse " nous remet le pied à l'étrier avec un jeu basse qui donne une nouvelle jeunesse à ce morceau de 1983. Le chanteur ironise maintenant en demandant au public de se taire, de ne pas bouger, et de ne même pas écouter ! Ceci est une excellente introduction pour un " Seek'n Destroy " pour le moins vivant… La lumière baisse à présent quelques secondes pour l'intro de " Blackened " qui fait usage de la pyrotechnie avant le premier rappel. Ô surprise, Metallica revient avec une version complète de " Ride The Lightning ", chose plutôt rare car sur les précédentes tournées elle était souvent intégrée au sein du medley de " Kill'em All " et " Ride The Lightning ". Place au moment fort de la soirée, James et Robert laissent Lars et Kirk seuls sur scène pour s'amuser un peu, Lars vient jouer le tout début de " Nothing Else Matters " en tapant avec une de ses baguettes sur les cordes de la guitare de Kirk avant que celui-ci ne joue seul l'intro. Lars quitte alors la scène suivi de près par Kirk, laissant place à James seul face 80000 personne pour interpréter deux couplets et un refrain accompagné uniquement de sa propre guitare, et bien-sûr du public. A l'intérieur d'une set-list aussi musclée, " Nothing Else Matters " prend une tout autre dimension, on a le sentiment de la redécouvrir bien que le groupe l'ait énormément jouée. Rien de tel que les explosions de " Creeping Death " pour se ranimer avant le dernier rappel, le public répond une nouvelle fois présent lors du passage " Die, Die, Die by my hand, I Creep across the land ". La longue intro de " One " bombarde le devant de la scène avec d'incessantes explosions qui laissent ensuite place à la mélodie. La chanson bien interprétée, Kirk ayant néanmoins quelques soucis dans ses soli que seuls les fans auront sans doute remarqué. " Enter Sandman " est le seizième et dernier titre, carrément soutenu par des feux d'artifices, devant une foule comblée que Metallica ne manque évidemment pas de saluer vivement. Lars a le mot de la fin en donnant rendez-vous au public belge en décembre.

 











Round 2, l'Angleterre ! C'est après moult aventures et surtout mésaventures que votre reporter de l'extrême est venu tester l'ambiance du festival de Leeds. N'espérez pas en effet manger plus qu'un " french bread " nature sous plastique et boire mieux que de l'eau quand vous payez 15 euros une pauvre navette pour l'aéroport. Quant aux trottoirs de Londres, ils sont sympathiques mais ce n'est pas l'idéal pour dormir… Metallica n'en était pas moins au rendez-vous devant encore plus de 80000 personnes déchaînées. Le site est immense avec des campings qui s'étendent à perte de vue sur plusieurs collines, et des scènes au nombre de cinq qui accueillent des styles axés rock et métal. Le public est très différent de celui de Werchter, beaucoup plus jeune, extraverti, et… assoiffé. La Carling, bière sponsor du week-end, coule telle un fleuve en crue, les quelques Bretons présents ont donc quand même quelques repères ! La nuit reste malgré cela relativement calme, mis à part une petite tradition anglaise qui consiste à hurler " Bollocks !!! " en cœur dès que l'idée passe à travers la tête de quelqu'un et que les voisins commencent à suivre. Concrètement, vous entendez régulièrement comme une armée à l'assaut qui fonce sur vous, la vague passe ainsi d'un bout à l'autre du site. Dans une telle ambiance, on a peine à imaginer ce qui va se passer au concert…Les groupes de première partie ne sont pas des figurants, et reçoivent presque tous un très bon accueil. Tout d'abord, The Used avec son chanteur exubérant commence à chauffer l'assistance avec une improvisation pour l'anniversaire de James Hetfield (avec vingt jours de retard). Leur set est une entrée en matière gentille avant Good Charlotte pour qui la foule devient plus dense et plus agitée. Nos amis anglo-saxons connaissent bien certains de leurs tubes, et les premiers pogos se forment. Une autre tradition consiste à jeter les bouteilles plus ou moins vides en direction de la scène, Good Charlotte le sait et demande au public de tenir ses bouteilles en l'air avant bien-sûr un petit compte à rebours, et le bombardement logique ! Port du casque recommandé devant la scène… Celle-ci d'ailleurs séparée du public d'une bonne quinzaine de mètres, les barrières disposées en arc de cercle sont en effet prêtes à affronter l'enfer. Pour l'instant c'est la pause avec Primal Scream, un groupe de rock extrêmement mou et ennuyeux. Le chanteur est complètement rectifié et balance son micro à dix reprises devant la scène, les chansons sont toutes aussi soporifiques les unes que les autres, un vrai supplice quand on est écrasé contre la barrière. Sum 41 est le groupe suivant, et la foule commence à pousser très fort, les premières personnes sont évacuées par le devant des barrières. Le show de Sum 41 fait un carton chez notre jeune public qui reprend vivement les paroles et le son commence aussi à prendre de l'ampleur. Ceci tombe bien car, après que quelques Français compressés se soient aussi fait évacuer, c'est à la grosse artillerie d'être dégainée avec System Of A Down. Le groupe est très attendu par son public. Il fait encore bien jour et ils ne bénéficient pas d'un light show et d'un son à la hauteur de leur prestation.
A peine les festivités commencées, la foule se masse dangereusement devant et Serj demande aux gens de reculer. L'ambiance est très bonne, des pogos se forment un peu partout, les paroles sont bien reprises, et on assiste même à l'apparition de quelques cercles dans lesquels les plus acharnés tournent en courant, impressionnant ! Malheureusement, SOAD doit vite interrompre son set pour une intervention de la directrice du festival pour exiger très sérieusement que le public recule, sous peine d'une annulation du show… La pause dure un bon quart d'heure et le programme prend du retard, la communication entre le groupe et ses aficionados est excellente, ils attaquent quelques improvisations très réussies. Le show reprend avant d'être encore arrêté mais repart finalement pour de bon. Ils interprètent tout de même encore une bonne douzaine de titres dont bien-sûr un " Toxicity " de toute beauté. Il y a des chansons de tous les albums, et ce concert est musicalement une réussite à laquelle assiste Metallica au grand complet sur le côté de la scène. Ce qui était à craindre s'est par contre produit, on déplore vingt-deux blessés malgré les efforts de l'organisation et des artistes, le plus dur restant à venir…Le climat est donc très tendu, la directrice du festival ne quitte pas la scène implorant la foule de reculer, elle nous promet même que James Hetfield fera une séance de dédicaces si les gens daignent reculer (ce qui s'avèrera être faux comme on pouvait s'en douter, mais l'Undertaker est un septique). Pendant ce temps la scène est montée en un temps record, pas de musique d'ambiance, " It's A Long Way To The Top " est envoyé cash suivi de " Ecstasy Of Gold " et de " Battery ". On sent que les organisateurs souhaitent que ça se finisse le plus vite possible, le public est en effet massé de façon inquiétante et continu de pousser de plus belle dès que quelque chose sort des enceintes. Le soundcheck réchauffe à lui seul beaucoup l'ambiance, le son n'a rien à voir avec les groupes précédents et fait vraiment peur ! Le show débute donc comme à Werchter mais la qualité du son fait tout de suite la différence, on a l'impression d'écouter une chaîne hi-fi avec un volume de fusée au décollage. De plus, notre public malgré son âge connaît très bien ses classiques et surpasse même les habitués du continent, pas la peine d'espérer rester stoïque à moins de deux cent cinquante mètres de la scène ! La prestation du groupe est semblable à celle de la Belgique à la différence que James a complètement retrouvé sa voix. La setlist est identique jusqu'au premier rappel mais le comportement des quatre guerriers est plus mécanique, ils semblent toujours se donner au maximum mais cette fois ils sont dans le bain et n'ont plus cette étincelle des retrouvailles avec le public. James communique avec ses dizaines de milliers de spectateurs comme il parle à son boucher, se permettant même de taquiner son monde : après avoir demandé qui a déjà vu Metallica, tout le monde lève les bras, il répond " [hum, j'aurais plutôt dû demander qui n'a jamais vu Metallica] ", quelques bras se lèvent timidement, l'homme ajoute " [non… je sais que vous n'êtes pas très vieux, mais en vidéo ou dvd ça ne compte pas ! ce n'est pas la même chose…] ". Il joue sur le fait que le groupe passe pour la énième fois en Angleterre mais que le festival attire beaucoup d'adolescents. " St Anger " est maintenant entré dans les esprits et devient une véritable cérémonie, James laisse seule la foule reprendre " St Anger 'round my neck, He never gets respect " lâchant sa guitare et portant sa main droite autour du cou. C'est ensuite le premier rappel avec " Fuel " qui explose sous des flammes de dix mètres après un " Give an M… Give a E… Give a T... Gimme Fuel, Gimme Fire, Gimme that which I desire" et l'enchaînement derrière. "Nothing Else Matters" nous fait ensuite d'abord rire quand Kirk fait une énorme fausse note sur le début facile de l'intro. Il faut dire qu'il a bien fait l'idiot avec Lars juste avant : Kirk est à la batterie, Lars à la guitare, et ils improvisent joyeusement. Lars jette finalement la guitare à la figure de Kirk qui la rattrape de justesse après s'être levé. Cependant, James remet tout le monde d'accord en chantant à la perfection le début seul comme à Werchter, un moment décidément très intense. Le deuxième rappel n'est constitué que d'une intro inédite et de " Enter Sandman ", " One " passe à la trappe uniquement ce jour-là, déception pour ceux et celles qui l'attendait. Le show se termine encore malgré ceci dans une ambiance indescriptible avec les feux d'artifices et bien-sûr les remerciements à la sécurité qui a assuré un travail exemplaire. Par contre les médiators lancés n'atteignent même pas le public compte tenu de la distance… Il fallait le faire ce concert ! Le retour sur scène de Metallica est finalement à la hauteur de ce que tout fan pouvait espérer : un retour violent dans les années 80 avec nos classiques et de la nouveauté dans un esprit positif. C'est un véritable spectacle grâce à tout le dispositif mis en œuvre et le talent scénique de ces leaders. Robert Trujillo a montré qu'il avait du Metallica dans le sang, et James a retrouvé toute son énergie et une maturité supplémentaire. Mais, le meilleur reste à venir : rendez-vous pour le St Anger Tour 2003/2004 à Paris Bercy le 9 décembre, et le samedi 12 juin au Stade de France !

 

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