G3
SATRIANI - VAI - PETRUCCI


Le 30 juin 2001 - Warfield – SAN FRANCISCO

Dorures, tentures, luminaires fastueux mais… voilà que l'ambiance se tamise… et Petrucci entre en scène, sous un tonnerre d'applaudissements, et, son petit sourire en coin, vous balance un de ces riffs gros, gras et rapides dont il a le secret. Puis tout s'éteint. Silence. Enfin pas vraiment : le public, lui, crie toujours à perdre haleine. Boum. Flash. C'est reparti encore plus fort avec batterie et basse lancées à plein régime derrière le guitariste de Dream Theater. Un grand moment mais tiens… qui est donc derrière les fûts ? Casquette à l'envers et lunettes de soleil sur les yeux ? C'est Mike Portnoy ! Le collègue de Petrucci dans Dream Theater. Ca promet ! A la basse, l'énigmatique David Lue. Mais parlons guitare puisque c'est le thème de la soirée. Petrucci, fidèle à lui-même mélange avec bonheur puissance et lyrisme. Utilisant à maintes reprises cette wah-wah à laquelle il semble désormais avoir pris goût, John nous promène entre ambiances jazzy, riffs cartons et mélodies bien léchées. David Lue fait son possible pour suivre et se distinguera sur un morceau tout en ambiances où ses arpèges à la basse feront mouche dans le public. " J'ai composé ces morceaux spécialement pour ce soir ", qu'il nous dit modestement le John.

 

" Ca a ses avantages et ses inconvénients. J'espère qu'ils vous plaisent ". Ouiiii !!! " On va vous jouer un dernier morceau avant de laisser la place à Steve (Vai), peut-être que vous le connaissez à l'origine il fait 9 minutes mais ce soir on va voir ce qu'il advient ". Ce sera " Paradigm Shift ", le premier morceau du 1er album de LTE, culte. Il durera ce soir près de 17 minutes, enrichi de rythmiques funky en plein milieu laissant la part belle à Portnoy et Lue dans leurs soli respectifs. Waooow !

 

Et les musiciens quittent la scène sous un déluge d'applaudissements, laissant la place aux roadies. Assurément, le guitariste de Dream Theater s'est très bien tiré de l'exercice de style, et ce d'autant plus qu'il est loin d'être considéré comme un guitar-hero.
Entrent Vai et ses musiciens, les noms m'échappent sauf celui du bassiste Billy Sheehan himself le fantasque dont on ne compte plus les collaborations aux projets les plus fous.

A peine arrivé sur scène, Vai est explosif, haut en couleurs habillé en desperado exubérant. On ne parle pas metal ici mais le rock'n'roll dispensé lance aussitôt Vai dans des soli stratosphériques alors que Billy Sheehan de sa voix rocailleuse donne de la puissance aux morceaux. Le deuxième morceau est enchaîné. Vai est littéralement en transe La guitare virevolte entre ses mains, autour de son cou, entre ses jambes. Elle gémit, elle rugit, elle explose au gré des morceaux. On dirait un animal sauvage que Steve essaie de contrôler. En vain nos tympans brûlent, nos yeux pleurent. Cet homme est fou. Quelle classe, quel talent ! Le troisième morceau sera expérimental, spatial et intimiste. Un autre versant de cet artiste à l'inventivité jamais prise en défaut. Petit bémol toutefois dans la performance de l'alien : Vai est Monsieur-je-ne-sais-plus-m'arrêter-quand-je-commence-un-solo. Et cela entraîne bien souvent des longueurs dans sa performance. Le manque de relance ne règle pas l'affaire. Toutefois, portons au crédit de l'artiste un sens du spectacle hors pair dont les jeux et l'humour sur scène sont un véritable régal. Viva Vai !

 

Changement de matériel et M. Joe entre en scène, guitare argent à la main et lunettes futuristes sur les yeux. Standing ovation pour le maître. Les compos sont excellentes; péchues, variées et ramassées. L'efficacité est de mise et la maîtrise au rendez-vous. Thrash, blues, aucune limite ne semble infranchissable pour les soli superluminiques (NDLR : c'est nouveau ça, Zorg ? J) et la technique effarante du guitariste. " Raspberry Jam " tiré de son dernier album très électronique recueillera même un très grand succès auprès du public. Des trois guitaristes, Satriani est incontestablement celui qui sait le mieux mettre la technique au service du morceau. Pas de longues mélopées soporifiques, pas d'expérimentations hasardeuses, pas de soli crash burners comme l'on dit ici ; tout est mis au service de l'efficacité, et cela marche. Le public exulte à chaque fin de morceau. Mais voici déjà venir la cerise sur le gâteau : le jam final réunissant nos trois guitaristes. Au programme de ce dessert les trois virtuoses revisiteront donc pour nous ZZ Top puis Jimi Hendrix : " Voodoo Child " emmené par Petrucci et " Little Wing " chanté par Steve Vai ! Puis un dernier morceau non identifié, mais quel plaisir d'entendre ces morceaux revisités par quelques-unes des plus fines gâchettes de la guitare moderne !

Une bien belle soirée oui monsieur ! La puissance et le lyrisme de Petrucci, la classe, l'inventivité et l'humour de Vai, la polyvalence et la musicalité de Satriani... C'est décidé, je travaille mes gammes dès demain !

Par Zorglub, envoyé spécial d'ARTEFACT en Californie

 

 

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