LIVE REPORT

FURY FEST 2004

Les 25, 26 et 27 Juin 2004 sur le circuit des 24H du Mans.
Par The Undertaker.

Quatre cents... C’était le nombre de spectateurs présents au FuryFest lors de sa première édition en 2001. Trois ans plus tard ce chiffre a été multiplié par cinquante grâce aux efforts des organisateurs pour trouver une structure capable d’accueillir tout ce joyeux petit monde avec une affiche en conséquence. Nous remarquons que le festival ne s’appelle plus « Hardcore FuryFest » mais « FuryFest » tout court, et pour cause il y a maintenant autant de death que de hardcore, sans compter de nombreuses autres influences présentes comme le punk, le néo-métal ou l’indus. De quoi ravir bien plus que notre public national...

Les festivités se déroulent donc pendant trois jours sur le célèbre circuit des 24h Du Mans. Le site est de fait atypique de par la disposition des nombreux petits stands alignés accueillant les services de restauration, des boutiques et des oeuvres d’art. La grande comme la petite scène se situent dans un hangar, lequel est assez difficile d’accès vu la forte affluence. Cela dit l’ensemble est bien sonorisé et les décibels atteignent sans encombre les tympans les plus lointains.
Après une ouverture des (petites) portes au compte goutte pour éviter la bousculade, la première journée sera marquée du côté de la « Velvet Stage » (la petite scène) par les prestations de Benighted dans le death (cf. interview) et Born From Pain dans le hardcore. Le petit hangar est une fournaise où le public « pogotte » sans interruption et où il est pratiquement impossible d’entrer, le rêve pour les neufs groupes de ce vendredi. Gronibard est le premier groupe à investir la « Main Stage » avec son grindcore ultra misogyne qui attire malgré cela un public nombreux et mixte. La première grosse claque de ce festival arrive en début de soirée avec Hatebreed qui, après le passage de Dropkick Murphys et The Haunted (cf. interview), nous dévoile enfin la puissance sonore des installations. La « Main Stage » fait un triomphe au groupe et attend maintenant de pied ferme le retour à la scène de Testament (cf. interview). Leur thrash old school de San Francisco est méconnu du public dont la moyenne d’âge est relativement faible, et la plupart des gens les connaissent simplement de nom. Cela se fait donc sentir avec un public qui reste « observateur » malgré une performance technique, précise et pleine d’énergie. Leur son brouillon n’était cependant pas là pour les aider... Les couleurs brésilienne envahissent la scène pour clore ce premier jour avec Soulfly (cf. interview) qui vient défendre « Prophecy » sorti quelques semaines auparavant. Le groupe apparaît sur ce titre éponyme qui déclenche un véritable tremblement de terre dans la foule. Il fallait être sportif pour rester devant ! La setlist du groupe est idéalement choisie pour faire honneur aux morceaux cultes et au nouvel album à travers des titres violents mais aussi des morceaux expérimentaux comme seul Max Cavalera sait les écrire. C’est donc sur les airs de « Primitive », « Roots Bloody Roots », « Chaos AD » ou encore d’autres titres des premiers albums de Sepultura, que la nuit commence pour un « after show » tout aussi festif dans le camping...
Le samedi est presque entièrement dédié au hardcore sur la « Velvet Stage » qui ne désemplit pas une seconde. Malevolent Creation et Peter Pan Speedrock ferment le rideau avant que tous les regards se tournent vers la grande scène qui n’aura accueilli pratiquement que des pointures aujourd’hui. Nous nous attendions à quelque chose de violent avec Dying Fetus, mais alors quelle dévastation ! Il devait y avoir un Airbus au décollage caché quelque part dans la salle ! Funeral For A Friend et Skinless suivent avant les très attendus Dillinger Escape Plan qui comblent le public hardcore. Après Killswitch Engage, c’est enfin au tour de Suffocation de monter sur les planches. Le groupe mythique de New York est là pour dévoiler « Soul To Deny », l’album de leur retour. Le public death metal sera ainsi vite consolé de l’annulation de Deicide, Suffocation est fidèle à sa réputation avec un jeu extrêmement carré et violent, le tout servi par un très bon son. Chimaira sera sans doute ensuite la dernière agréable surprise chaleureusement accueillie par le public avant un show beaucoup trop plat de Meshuggah (cf. interview). La salle semble se lasser car les titres privilégiés de « Nothing », « I » et « Catch 33 » bien que très lourds ne se prêtent pas vraiment au « pogo » à cause de leurs rythmes cassés. La prestation des Suédois est cela dit très rigoureuse et fait appel à un son fidèle aux albums. Après toute la brutalité de la journée, Fear Factory passe avec son dernier album « Soul Of A New Machine » comme une petite tisane à la camomille... Comme pour Meshuggah, le concert est parfaitement fidèle à ce qu’on peut attendre d’eux, mais le chant aérien de Burton C. Bell détonne sérieusement avec le reste aujourd’hui, de quoi s’en retourner en douceur en attendant l’aube du dernier jour...
Alors que la fatigue et la chaleur commencent à assommer beaucoup d’entre nous, et que la pestilence frôle les limites de la catastrophe humanitaire, treize groupes vont se succéder sur la petite scène pendant que le métal extrême français est à l’honneur sur la « Main Stage ». Scarve et Loudblast se produisent en effet aujourd’hui devant le public qu’ils méritent, à savoir nombreux et motivés ! Nasum fait également forte impression devant un public où les crêtes (de punk bien sûr !) commencent à se rassembler pour Mad Sin et surtout Discharge. Ces derniers sont peu connus du public actuel car extrêmement underground, et pour cause ils sont les mythiques représentants du crust, la branche la plus extrême du punk « anti-war » du début des années ’80, ce qui ne les a pas empêché d’être repris par Metallica (« The More I See ») avec tous les avantages que cela présente... Un autre groupe mythique suit sur la lancée, cette fois dans le hardcore avec Agnostic Front qui est le groupe précurseur de la scène de New York, papa de la ligné de Sick Of It All et autre Madball. Le public hardcore est en extase devant le groupe qui aligne les morceaux dont la durée moyenne est de deux minutes dans une ambiance bouillonnante. Puisqu’il n’y a que des groupes cultes ce soir, donnons sa dose journalière au public death avec une injection de Morbid Angel. Le groupe va malheureusement décevoir un peu à cause d’une balance qui dure une éternité pour nous donner un son crasseux et réduire le show à 45 minutes. L’avantage est que nous avons l’impression de voir les maîtres de Tampa il y a dix ans... Cela est cependant dommage aujourd’hui car le groupe fait pâle figure à côté des cyclones qui sont passés au Mans. Leur prestation est par contre parfaitement exécutée avec des titres de toutes les époques dont le dernier « Heretic ». Comme l’a amplement relaté la presse nationale, Slipknot, tête d’affiche du festival, a subi un rejet mémorable dans leur carrière : mis à part un noyau de fans retranchés devant la scène, toute la salle et jusque dehors insulte et lance des projectiles sur scène. Une rumeur a été répandue comme quoi le groupe aurait augmenté son cachet au dernier moment, rendant le camping payant et augmentant le prix des services sur place, ce à quoi a largement adhéré le public hardcore, death et punk (autrement dit 99% du public). Ceci est pourtant très difficile à croire compte tenu des contraintes juridiques qu’un contrat implique. La seule chose dont nous soyons certains est que ce public rejette totalement les groupes médiatiques qui gagnent beaucoup d’argent, Slipknot n’était aujourd’hui qu’un bouc-émissaire, symbole du libéralisme économique.

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