FESTIVAL HARD-ROCK   
ANGRA - DIMMU BORGIR - GAMMA RAY
VANDEN PLAS - EDGUY - MISANTHROPE - FREEDOM CALL


Le 29 mai 1999 - Evry

 

   "La Hollande, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie, etc., ont leurs festivals metal de renom. Il est grand temps de laisser nos complexes aux vestiaires, que diable! La balle est dans votre camp! Que la fête commence!". Voila ce que l'on pouvait lire sur les programmes annonçant la première tentative d'envergure de mettre sur pied un festival dédié au metal en France.
   Organisé par le magazine Hard-Rock, et largement soutenu par le label CNR, ce festival avait pour ambition pour sa première édition de proposer une belle affiche, et de réunir sur une seule journée 4000 spectateurs aux Arènes de l'Agora à Evry, au sud de Paris.
   Le bilan au final sera mitigé. Si la fête annoncée fut bien au rendez-vous côté musique, en revanche en cette belle journée de Mai, la mobilisation des spectateurs se sera avérée bien décevante...

 

   Les rumeurs qui avaient circulé les derniers jours précédant le festival n'encourageaient pas à l'optimisme: on avait appris d'une part que Royal Hunt ne pourrait pas venir, en raison de dissensions internes au groupe, et d'autre part que le rythme des réservations était décevant.
   Cette dernière information fut confirmée de visu dès l'ouverture des portes du festival. Les arènes, avec une capacité de 4000 places, n'étaient remplies au mieux qu'au deux tiers (en étant vraiment gentil...). Cependant, il apparut rapidement que les fans qui avaient fait le déplacement étaient très motivés par l'événement et avaient à coeur de soutenir leurs groupes favoris.

   Ils en eurent vite l'occasion avec l'arrivée sur scène de Freedom Call, nouveau venu dans l'univers du speed metal symphonique, et auteur d'un premier album remarqué, "Stairway to Fairyland". Dès les premières notes de "We are One", le public présent dans la fosse manifesta son enthousiasme au groupe, et allait par la suite reprendre en choeur les nombreux hymnes contenus dans le répertoire naissant du groupe.
   Freedom Call remporte ici son premier grand succès en France, et peut d'ores et déjà prendre date pour l'avenir tant il est vrai que le groupe a su s'attirer la sympathie de l'ensemble des spectateurs présents.
 

 

 

  C'est ensuite au tour de Misanthrope d'investir la scène, avec un curieux challenge à relever. Comment parvenir à captiver une salle encore bercée par les mélodies fédératrices de Freedom Call lorsqu'on pratique un death metal hyper-original, forcément déroutant au premier abord ? Visiblement, Misanthrope a eu du mal dans cette entreprise. Pourtant, son vocaliste SAS Philippe Courtois de l'Argilière a fait ce qu'il a pu pour tenter d'intéresser le public: habillé façon XVIIème, il est arrivé sur scène en humant un bon gros cigare qu'il a eu tôt fait de lancer dans le public. Il a ensuite tenté d'instaurer un peu d'intéractivité avec le public entre les titres, mais la salle, typée true metal dans sa grande majorité a eu du mal à accrocher.
On notera toutefois que des morceaux comme "Libertine Humiliations" ou "Futile Future" recèlent un potentiel live impressionnant, avec des versions supérieures aux versions studios.

 

   Une bonne moitié de la salle était là en grande partie pour eux. Eux, ce sont Edguy, les nouveaux princes du speed metal allemand, dont le dernier opus "Vain Glory Orchestra" se taille une belle réussite en France. En raison de la défection de Royal Hunt, le double de temps leur a même été accordé par l'organisation, tant il était certain qu'ils allaient faire un carton.
   Effectivement, dès l'arrivée des musiciens sur la scène et l'impressionnante ovation que le public leur avait concocté, il n'était plus permis d'avoir de doute: Edguy avait avant même le début du set presque toute la salle dans la poche. Et pourtant, la prestation des allemands justifiait-elle vraiment les débordements d'enthousiasme du public?

   En fait il semble bien que les fans de speed metal sont par nature prompts à s'enflammer dès qu'un nouveau groupe émerge de l'underground, et Edguy est dans ce cas. Certes, la prestation fut honnête, tous les morceaux correctement exécutés, mais de là à provoquer les réactions de délires collectifs auxquels on pouvait assister, il y a une marge que je ne m'explique pas!

 

   J'attendais personnellement beaucoup de la performance de Vanden Plas. Cette formation, au contraire de nombreux groupes (dont certains étaient présents à l'occasion de cette réunion...) compose avec un souci constant de créativité, de justesse, d'équilibre au sein des morceaux. Leurs deux albums studio sont très réussis, et leur prestation en première partie de Dream Theater l'an dernier était encore dans toute les mémoires.
   Mais que retenir de cette prestation du 29 mai ? Une salle encore sous le choc après plus d'une heure de Edguy (ça fait mal) ainsi qu'une sono un peu approximative ont eu raison de la combativité de Vanden Plas qui a livré un set vraiment moyen. Impossible de décoller sur "Rainmaker", "You fly" ou même l'inédit "Inside of your head" malgré toute ma bonne volonté... Pour moi, la prestation fantomatique de Vanden Plas fut sans conteste LA déception du festival.

 

   Attention, à partir de maintenant, place aux très grosses pointures! Et c'est Gamma Ray qui prend la relève de Vanden Plas. D'emblée, l'expérimentée formation allemande met tout le monde d'accord avec "Anywhere in the Galaxy" qui place la barre très haut. Pourtant, Gamma Ray n'aura aucune difficulté pour rester au niveau pendant toute la durée du concert. "Strangers in the Night", "Gardens of the Sinner" remportèrent un franc succès (c'est un euphémisme!), et ce fut même du délire sur "It's a sin", la reprise du hit des Pet Shop Boys, sauce Gamma Ray. Du heavy speed traditionnel de très haute volée; un succès mérité.

 

Dimmu Borgir, tout comme Misanthrope, ne pratique pas de heavy metal, ni même de speed metal. Dimmu Borgir évolue en plein coeur de l'underground, dans le milieu fumant du black metal, à mi-chemin entre idéologie et grandguignol, quelque part entre Nietzsche et Kiss (il doit y avoir de la place...). Ce type de formation en général se produit peu souvent sur scène (mais c'est de moins en moins vrai), et c'était donc une curiosité que de retrouver l'une des quatre ou cinq formations de black metal les plus populaires dans un festival français, entre Gamma Ray et Angra!
   Les visages grimés, vêtus tout de noir, les musiciens de Dimmu Borgir ont livré une prestation troublante, mais plutôt convaincante. Le groupe maîtrise son art avec une grande facilité. Violente, tourmentée, orageuse, la musique de Dimmu Borgir prend sur scène une tonalité vraiment inquiétante, même si certains de leurs morceaux manquaient un peu de liant. Cette prestation aura sans doute intrigué beaucoup de spectateurs, qui auront pu par la suite faire la démarche de découvrir Dimmu Borgir sur disque.


 

   Une fosse complètement remplie attendait la tête d'affiche Angra avant son arrivée sur scène. Trois mois seulement après le triomphe (et le mot est faible) obtenu au Zénith, et en conclusion de la deuxième partie de la tournée française du groupe, Angra allait-il pouvoir assurer de la même façon avec autant de motivation ?
La réponse ne se fit pas attendre: les brésiliens n'ont pas l'habitude de faire de la figuration, et ils se sont là encore donnés à fond pendant une heure et demie, emportant sans aucune réticence l'adhésion de tous les spectateurs, avec un show quand même assez proche de celui du Zénith (mais peut-on le leur reprocher ?). Une fois encore les classiques que sont dorénavant "Lisbon", "Paradise", "Stand Away" ou bien "Carolina IV" ont fait mouche.

   Andre Matos et sa bande sont les chouchous du public français depuis bientôt 4 ans, et au vu de la qualité des prestations réalisées en France, ce n'est pas prêt de s'arrêter...

 Le Marquis

 

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